L’entretien avec Elise Raguin, diététicienne à la Villa Santé

Elise Raguin diététicienne Villa Santé CHU Poitiers

Elise Raguin est diététicienne à la Villa Santé, où elle anime des ateliers collectifs, depuis novembre 2018. Originaire  de Troyes, Elise Raguin est diplômée d’un master en nutrition, obtenu à Nancy en 2007. A la suite de cela, elle part à Paris pour exercer dans une entreprise d’agroalimentaire. Entre 2014 et 2015, elle obtient un diplôme de diététicienne alors qu’elle se trouve au Danemark. Cela lui permet d’intégrer le centre hospitalier universitaire de Poitiers pour réaliser des remplacements dans les différents services, et ce, jusqu’à l’ouverture de la Villa Santé, l’année dernière.  

Vous animez des ateliers à la Villa Santé. A qui sont-ils proposés ?

A tout le monde sans exception ! Même si dans un premier temps, nous les avions ouverts aux patients du CHU atteints de pathologies chroniques comme le diabète, à ceux qui préparent une chirurgie bariatrique ou encore aux greffés rénaux. Depuis avril, l’ensemble des ateliers sont proposés au grand public : aidants, usagers, étudiants, personnel du CHU… Mes ateliers sont tous collectifs et s’adressent aussi bien aux adultes qu’aux enfants. 

Que peut-on trouver dans vos ateliers ?

Des réflexions sur l’alimentation. Mon but est de mener les gens à se questionner sur ce qu’ils mangent : comment est-ce qu’ils cuisinent ? Qu’est-ce qu’une alimentation saine ? Comment faire des choix éclairés ? Etc. Je leur donne des outils pour que, malades ou pas, ils puissent se faire plaisir en cuisinant simplement et pour un coût moindre. A la Villa, on essaie de redonner le goût de la cuisine, de recréer du lien social et de replacer l’alimentation à la place qui doit être la sienne.

L’alimentation joue donc un rôle majeur dans la santé ?

Oui, même si il n’y a pas que cela. C’est un tout avec l’activité physique, l’environnement… Dans les ateliers, on ne parlera jamais de régime, même pour les diabétiques. Ces derniers peuvent manger du sucre, à condition de bien les choisir. C’est aussi à ça que sert, par exemple, l’atelier sur la lecture des étiquettes. On va déchiffrer les ingrédients des produits que l’on achète en grande surface. On va aussi essayer des recettes simples et rapides, adaptées aux personnes qui n’ont pas le temps de cuisiner ou qui ont des difficultés à rester debout trop longtemps. C’est pour cela aussi que les ateliers cuisine sont co-animés avec l’ergothérapeute pour apprendre les bonnes postures : se pencher, attraper des objets en hauteur, cuisiner debout…  Mais plus que tout, l’alimentation créée du lien social, véhicule des valeurs et permet d’apprendre sur les autres cultures. Dans mes ateliers, les gens cuisinent ensemble et partagent leurs astuces, mais ce ne sont pas des cours de cuisine.

On entend beaucoup parler « d’alicaments », d’aliments très bons pour la santé, qu’en pensez-vous ?

N’oublions pas le but marketing derrière certaines appellations et encore une fois, les étiquettes parlent d’elles-mêmes : reste à savoir lire entre les lignes. Il n’existe pas de très bons aliments, comme il n’existe pas d’aliments diaboliques. Par exemple, consommer trop de fruits vous rendra tout autant malade que consommer trop de Nutella ! Tout est une question de dosage et d’hygiène de vie.    

Vous organisez donc des ateliers collectifs depuis plus de six mois. Est-ce que vous avez vu des personnes y trouver un bénéfice en ce laps de temps ?

Oui, bien sûr. Je peux vous citer l’exemple d’un monsieur handicapé par une douleur lombaire chronique qui ne sortait plus de chez lui et qui refusait de voir du monde. Il est venu aux ateliers de cuisine et d’activité physique adaptée. Il a échangé, il a appris à bouger et à cuisiner en fonction de sa pathologie. Cela l’a reboosté car il a vu des effets sur ses capacités et son poids. Cet homme est sorti d’un cercle vicieux. Après, je ne fais pas de consultation individuelle et certaines situations exigent une prise en charge spécifique et là, j’oriente vers des collègues du CHU ou en libéral. En règle générale, les personnes assistent à deux ou trois ateliers en alimentation, et quand ils ont obtenu tous les outils, ils ne reviennent plus.

Est-ce qu’il va y avoir de nouveaux ateliers à la rentrée ?

Oui, je vais en programmer deux nouveaux. Le premier va porter sur la diversification alimentaire du bébé qui, souvent, fait peur aux parents. Le second sera un atelier de dégustation en pleine conscience où le but sera d’apprendre à s’écouter et à apprécier le moment présent.