Institut du sein : une filière structurée du diagnostic des pathologies du sein

Un plateau regroupant les spécialistes (radiologues, gynécologues, pathologistes), une interface unique pour les médecins libéraux et les patientes. Au CHU de Poitiers, l’institut du sein, ouvert en mai dernier, permet une simplification du parcours de soins de la patiente atteinte d’une pathologie du sein, en renforçant la concertation pluridisciplinaire entre praticiens.

« Les progrès réalisés au cours des vingt dernières années en matière d’imagerie du sein, de dépistage et de biopsie permettent aujourd’hui la prise en charge des cancers mais aussi des lésions pré-cancéreuses et potentiellement évolutives, conduisant à une classification des lésions en bas risque, risque intermédiaire, haut et très haut risque. Face à la complexité des dossiers en sénologie, qui est devenue multidisciplinaire, la concertation doit se faire dès le début afin de faire du sur-mesure », rappelle le Pr Xavier Fritel, chirurgien-gynécologue. Pour répondre au mieux aux attentes de la patiente atteinte d’une maladie du sein, pour optimiser l’organisation d’une prise en charge transversale et pluridisciplinaire, le CHU de Poitiers s’est doté d’un plateau unique, l’institut du sein.

« L’objectif de l’institut du sein est de structurer une filière du diagnostic et du soin toujours davantage centrée sur le patient, développe le Pr Fritel, à l’origine du projet. En sénologie, les décisions de prise en charge sont motivées par les antécédents médicaux et familiaux de la patiente, par la localisation et la taille des lésions données par le radiologue, par les explorations biologiques de l’anatomopathologiste, par les possibilités chirurgicales appréciées par le chirurgien, en sollicitant également l’avis de l’oncologue sur la suite du traitement. L’institut du sein est un plateau unique qui réunit ces spécialistes et facilite la gestion de dossiers pluridisciplinaires. » Un constat appuyé par le Dr Vincent Bricot, radiologue : « L’institut du sein permet de coordonner les principaux acteurs et d’unifier les différentes spécialités, un travail en groupe qui génère des synergies plus importantes.  » Aujourd’hui par exemple, pour chaque patiente accueillie à l’institut du sein, un dossier commun centralise les problématiques des différents praticiens, permettant « une vue globale » de chaque cas, illustre le Pr Fritel.

Amélioration des pratiques pour les praticiens mais aussi meilleur ciblage dans l’hôpital : pour les patientes, ce plateau unique, ouvert en mai dernier, est « la porte d’entrée », le point de départ du parcours de soins pour toutes les pathologies du sein, qu’elles soient malignes ou pas. « Ce n’est pas parce que l’on vient à l’institut du sein que l’on a un cancer. Nous prenons également en charge ici les maladies bénignes, comme les hyperplasies avec ou sans atypies pouvant être responsables de micro-calcifications, d’écoulement anormal du sein…, souligne le Pr Fritel. Notre préoccupation permanente étant, bien sûr, d’évaluer le risque de cancer et de le traiter. »

Un interlocuteur unique

La mammographie est un examen utilisant les rayons X. Elle a pour but de détecter des opacités, des microcalcifications ou toute anomalie des tissus et des glandes mammaires. A partir de 50 ans, elle doit être réalisée tous les deux ans.
La mammographie est un examen utilisant les rayons X. Elle a pour but de détecter des opacités, des microcalcifications ou toute anomalie des tissus et des glandes mammaires. A partir de 50 ans, elle doit être réalisée tous les deux ans.

Concrètement, professionnels – spécialistes, médecins de ville, hôpitaux périphériques… – et patients ont désormais un interlocuteur unique. Un poste de secrétariat a été créé afin de permettre une gestion simplifiée des rendezvous. « Ce secrétariat central, qui permet de coordonner deux spécialités, la gynécologie et la radiologie, prend en charge toutes les réponses pour mieux les prioriser et les dispatcher. Le but est, bien sûr, d’améliorer les délais de prise en charge et d’éviter les errances : il s’agit de diriger, de suite, la patiente vers le bon spécialiste, qu’il soit radiologue, gynécologue ou anatomopathologiste », souligne le Dr Bricot. La prise de rendez-vous se fait désormais de manière intégrée. « Les rendez-vous avec les différents professionnels nécessaires au parcours de soin de la patiente sont pris, dans la mesure du possible, le même jour. Nous anticipons toujours l’étape suivante afin de les organiser au mieux et de réduire les déplacements de la patiente », détaille le Pr Fritel. A la clé, une véritable « simplification du parcours » pour la patiente qui bénéficie, à l’institut du sein, d’une unité de lieu dans une prise en charge pluridisciplinaire.

La structuration de l’institut du sein permet aussi de formaliser l’annonce du diagnostic. « La concertation permet aussi de décider quel est le praticien le plus adapté, par rapport à la suite du traitement, pour faire la restitution des résultats et répondre aux questions de la patiente. »

Un plateau technique
L’institut du sein dispose d’un mammographe numérique à capteur plan permettant une réduction de doses d’irradiation par rapport aux mammographies analogiques et numériques sur plaque, de deux échographes, dont un de dernière génération avec élastographie. Le plateau technique pour les biopsies se compose d’un mammotome et d’une table stéréotaxique permettant de cibler des foyers de calcification difficiles à atteindre par système conventionnel. En projet : la biopsie mammaire sous IRM, « un système qui permettrait de devenir un recours régional ».