Le CHU de Poitiers référent pour la chirurgie de la vessie

Chaque année, 10 000 nouveaux cas de cancer de la vessie sont diagnostiqués en France. Au CHU de Poitiers, le Dr Simon Bernardeau, chirurgien urologue, s’est spécialisé dans le traitement chirurgical de ce type de cancer, par l’extraction et la reconstruction de vessie. Il en a réalisé une trentaine depuis 2019. Aujourd’hui, le CHU de Poitiers est un centre de référence sur ce type d’opération.

La chirurgie mini-invasive avec le robot Da Vinci

Cette chirurgie longue et complexe est indiquée lorsque les tumeurs sont localisées, et donc non métastatiques.  Elle consiste à enlever la vessie, les organes adjacents si nécessaire (prostate, ovaires, utérus, rectum…) et à effectuer un curage ganglionnaire étendu.

Afin d’améliorer les conditions de prise en charge des patients, le CHU de Poitiers s’est doté du robot Da Vinci Xi. Cet équipement de chirurgie mini-invasive diminue les risques per et post opératoire et réduit le temps de convalescence du patient.

Une fois la vessie extraite (cystectomie), il faut créer un nouveau circuit d’évacuation des urines. Deux solutions sont possibles.

Dérivation des urines : la stomie urinaire (« Bricker »)

La première solution est une dérivation, avec l’utilisation d’une stomie. C’est la solution la plus couramment proposée, car elle est la moins compliquée à réaliser, et la plus simple à gérer au quotidien par le patient.

Les conduits dans lesquels circule l’urine, les uretères, sont branchés à un segment d’intestin grêle prélevé, lui-même arrimé à la peau du patient au niveau du ventre. Les urines sont ensuite recueillies dans une poche.

L’un des inconvénients majeurs au long cours est l’acceptation physique de la stomie, qui est une solution définitive.

Reconstruction d’une vessie : la néovessie ou enterocystoplastie

La seconde solution est la reconstruction d’un nouveau réservoir, d’une nouvelle vessie. Le Dr Bernardeau a développé un protocole par voie intracorporelle, ce qui permet l’absence de cicatrice significative, en limitant celles-ci aux orifices de trocarts, indispensables à la chirurgie mini-invasive.

C’est un geste complexe techniquement, consistant à prélever un greffon d’intestin grêle, de 45 à 50cm bien vascularisé. Ce geste implique plusieurs anastomoses digestives et urinaires, donc plusieurs coupures et connexions artificielles, qui peuvent être sources de complications en post opératoire précoce.

C’est une opération difficile, qui est dans la très grande majorité des centres réalisée en chirurgie ouverte, ce qui implique un long séjour post-opératoire. Le risque de complications de cette intervention est important. Le fait de procéder par voie mini-invasive intracorporelle diminue nettement ce risque, et notamment la douleur, les saignements, les temps d’hospitalisation et de convalescence, et le risque d’infection.

Quoi qu’il arrive, le choix est toujours laissé au patient. Les avantages et les inconvénients des deux techniques lui sont présentés avant l’intervention : acceptation de la modification du schéma corporel ou non, risque d’incontinence ou non, gestion de l’appareillage dans le temps… Le chirurgien prend tous ces éléments en compte afin de prendre la meilleure décision, avec le patient.

Si les techniques de chirurgie et les équipements dont dispose le CHU de Poitiers ont permis de grandes avancées dans le traitement chirurgical des cancers de la vessie, le service d’urologie travaille toujours à de nouvelles améliorations de la prise en charge. L’objectif sera, à l’avenir, d’être capable de permettre aux malades de conserver une qualité de vie sexuelle satisfaisante. En effet, au cours de la chirurgie, certains vaisseaux sanguins, nerfs ou organes peuvent être endommagés. Nos spécialistes travaillent à préserver ces éléments, tout en respectant les critères d’exérèse oncologique.