Le CHU de Poitiers s’est associé avec 36 autres établissements hospitaliers français à l’étude lancée début avril par le CHU d’Angers, Hycovid. Objectif : évaluer l’efficacité de l’hydroxychloroquine sur les patients covid-19 à haut risque d’aggravation. Les résultats permettront, sans aucun doute, d’éclairer les débats qui entourent le médicament.
Étude de grande envergure
Face à l’urgence de la situation sanitaire, le CHU d’Angers, en partenariat avec d’autres hôpitaux[1], a initié une étude de grande ampleur sur 1 300 patients. Les critères d’inclusion des patients se basent sur des données récentes laissant à penser que les traitements à l’hydroxychloroquine sont plus efficaces s’ils sont administrés tôt aux patients, avant que la maladie ne s’aggrave. Ainsi seuls les patients présentant une forme non sévère de covid mais dont on sait qu’il y a un risque important d’aggravation, y sont inclus. Ces patients doivent être volontaires, majeurs, diagnostiqués covid depuis moins de 48 h et présenter au moins l’un des deux facteurs d’évolution compliquée – avoir plus de 75 ans et/ou être oxygénodépendant. Les effets secondaires seront étroitement surveillés ; si un nombre trop élevés d’évènements indésirables vient à être constaté, l’étude sera arrêtée.
Étude simple et efficace
L’étude consiste à étudier les effets de la molécule sur la pathologie. Parmi les 1 300 patients, la moitié se verra administrer de l’hydroxychloroquine tandis que l’autre moitié recevra le placebo du médicament qui présente les mêmes caractéristiques apparentes que celles de la molécule comparée. Ni les patients, ni les médecins ne sauront qui prend quoi. Ce type d’étude dite « à deux bras » ou « à l’aveugle » est courant en recherche clinique. « Ça n’a rien d’extraordinaire, c’est le b.a.-ba pour une étude scientifique. Quand vous testez l’efficacité d’un médicament, il faut toujours avoir ce qu’on appelle un groupe témoin, un groupe de patients qui n’est pas traité. Sinon, on ne peut rien conclure de l’étude, on ne peut pas dire si l’évolution des malades est spontanée ou s’il y a un lien avec le traitement » explique le professeur France Roblot, cheffe du service des maladies infectieuses du CHU de Poitiers. C’est un comité de surveillance indépendant qui va réaliser un suivi des données de sécurité et d’efficacité. Cette étude simple et efficace permettra d’apporter une réponse rapide et irréfutable sur les effets de l’hydroxychloroquine dans le traitement du covid-19. Des résultats sont attendus d’ici quelques semaines. Si l’efficacité de l’hydroxychloroquine sur les patients covid-19 venait à être rapidement démontrée, l’étude serait interrompue pour permettre à tous les patients d’en bénéficier.
Aidez la recherche
Face à la situation très critique qui touche le monde entier, les établissements hospitaliers participants à l’étude Hycovid ont accepté de commencer le projet sans engagement financier préalable de l’Etat ou de partenaires industriels. Sur les 850 000 euros prévus pour l’étude, le CHU d’Angers supportera 600 000 euros notamment pour les prélèvements et les analyses biologiques, la logistique et la rémunération du personnel.
Pour en savoir plus
- CHU d’Angers
- Communiqué de presse
- Interview du professeur France Roblot, cheffe du service des maladies infectieuses du CHU de Poitiers, sur l’étude (Nouvelle République du 08-04-2020)
[1] CHU : Amiens, AP-HP (4 sites), Brest, Caen, Dijon, Limoges, Nantes, Poitiers, Rennes, Saint-Etienne, Toulouse, Tours, CHR d’Orléans. CH : Agen, Cherbourg, Cholet,, Colmar, Laval, Lorient, Le Mans, Melun Monaco, Niort, Pontoise, Quimper Saint-Brieuc, Rezé, Roche/Yon, Saint-Nazaire, Tourcoing, Valenciennes, Vannes, Versailles.