Le contrat d’apprentissage chez les kinésithérapeutes

Quatre étudiants de l'Institut de formation en massokinésithérapie de Poitiers (IFMK) sont actuellement en contrat d'apprentissage au CHU. Cette nouvelle voie de professionnalisation offre des opportunités de pallier les difficultés de recrutement des kinésithérapeutes au sein de l'établissement. Un enjeu régional également. Explications.

Dans le champ de la masso-kinésithérapie, la région Poitou-Charentes accuse un déficit important de professionnels, que ce soit dans le secteur libéral ou salarié. Si la densité nationale est de 119 praticiens pour 100 000 habitants, elle plafonne à 79 pour la Vienne et 74 pour les Deux-Sèvres. Elle se réduit à 61 en Charente et passe à 115 en Charente-Maritime grâce en partie à l’attrait du littoral atlantique et de la région bordelaise. Actuellement, environ 10 % des postes de kinésithérapeutes restent à pourvoir au CHU. « 80 % de nos diplômés s’orientent vers le travail libéral, 20 % vers le secteur salarié, qui est lui-même divisé entre public et privé. Il y a un déficit dans les deux cas. Mais il est encore plus sensible dans le secteur salarié », indique Thierry Galuchon, directeur de l’Institut de formation en masso-kinésithérapie de Poitiers (IFMK).

Le contrat d’apprentissage s’avère aujourd’hui un moyen intéressant pour lutter contre ce manque de kinésithérapeutes. C’est au terme d’un parcours professionnalisant et individualisé, organisé conjointement entre le CHU et l’IFMK, que l’apprenti intègre l’établissement comme kinésithérapeute diplômé. Les bénéfices sont alors certains pour les deux parties. Pour l’apprenti, un socle de compétences mobilisables rapidement et une intégration facilitée dans l’unité de rééducation du CHU. Et pour l’institution, « face aux difficultés de recrutement, un moyen d’anticipation et de gestion des emplois et des compétences. Une véritable solution de gestion des ressources humaines », soulignent Martine Imbert, coordonnateur général des soins, et Marie-France Joyeux, cadre supérieur de santé du pôle neurosciences-locomoteur.

Au CHU, le premier contrat a été signé en 2011, en partenariat avec l’école d’Assas et le Centre de formation des apprentis (CFA) de Levallois- Perret. Depuis juillet dernier, le CHU accueille quatre apprentis issus des promotions de l’IFMK de Poitiers. En août prochain, trois nouveaux jeunes apprentis de l’école poitevine intégreront les équipes du centre hospitalo-universitaire.

Partenariat gagnant
Soutenu par le Conseil régional dans le cadre du pacte de confiance pour l’emploi des jeunes, l’apprentissage a vocation d’implanter les futurs professionnels sur le territoire. « C’est un enjeu de recrutement pour le CHU, mais également au niveau de tout le Poitou-Charentes », souligne Dominique Bourgeon, directeur des soins et coordonnateur des quatre instituts de formation.

Au sein des équipes du CHU, l’arrivée d’apprentis est unanimement saluée par les professionnels. « La notion de compagnonnage est importante. C’est un investissement : nous formons nos futurs collègues. Il s’agit réellement d’un partenariat gagnant-gagnant basé sur des rencontres régulières avec le maître d’apprentissage autour d’un livret personnalisé permettant d’assurer le suivi de l’acquisition des compétences et d’optimiser l’accompagnement de ce parcours professionnel », expliquent Bruno Texereau et Thierry Le Dinahet, cadres de santé kinésithérapeutes au CHU. « Les étudiants font un lien plus direct entre les connaissances théoriques et le terrain. Ils ont une acquisition des compétences plus efficiente et deviennent plus responsables et autonomes dans leurs prises en charge. Ils acquièrent également un positionnement différent, car l’apprenti est perçu et reconnu comme un véritable et futur professionnel », précise leur collègue, kinésithérapeute et maître d’apprentissage, Aurélie Bourrellier. Un professionnel qui, une fois diplômé, intègre les équipes du CHU pour un ou deux ans, en fonction de son contrat.