Le CHU de Poitiers a une grande expertise dans le séquençage du microbiote grâce aux travaux de recherche menés par le Pr Christophe Burucoa et le Dr Maxime Pichon. Si aujourd’hui, on en sait plus sur le microbiote, il cache encore bien des secrets.
Le microbiote est un ensemble de bactéries, champignons et autres micro-organismes présents en grand nombre dans le corps humain. Et si l’on entend plus souvent parler de microbiote intestinal, nous retrouvons également ces niches écologiques dans les poumons, la peau ou encore le vagin. Le nombre de recherches sur le microbiote a explosé ces dernières années, des recherches approfondies rendues possible grâce aux séquenceurs à haut débit. Le Pr Burucoa, chef du service de bactériologie et hygiène du CHU de Poitiers, et le Dr Maxime Pichon ont été parmi les premiers à faire du séquençage du microbiote dans la région : « C’est l’objet de nos recherches aussi bien hospitalières qu’universitaires. Notre travail consiste à étudier ces flores extrêmement diverses notamment grâce au séquençage à haut débit. Ces méthodes nous permettent d’avoir des informations sur les bactéries qui nous composent. Avec ces équipements, on génère une quantité pharamineuse de données qu’il faut ensuite trier afin de les analyser et leur donner du sens ». Les données scientifiques obtenues des différentes recherches ont démontré l’importance d’une alimentation équilibrée, les associations entre le microbiote intestinal et certaines pathologies, et l’influence du microbiote intestinal sur l’efficacité de certains traitements, notamment anticancéreux. Mais attention, les résultats des recherches réalisées bien qu’extrêmement prometteuses ne permettent pas encore de faire d’un test microbiote un test diagnostique. De nombreuses études sont encore nécessaires pour que la détermination de la composition du microbiote d’un individu puisse être interprétée et permettre des traitements individualisés. En effet, « Aucune connaissance ne permet de poser des diagnostics et d’interpréter avec exactitudes les paramètres du microbiote. Il n’a pas été démontré à ce jour que la seule connaissance du microbiote d’un individu était suffisante pour améliorer sa santé ou même prévenir une maladie. Le microbiote est une entité dynamique, influencée par de nombreux facteurs (âge du patient, sexe, ethnie, mode de vie, régime alimentaire, traitement médicamenteux, etc. Pour pouvoir conclure nos recherches, nous devons analyser et comparer un grand nombre de microbiotes pour dégager des différences significatives », précisent les deux experts. C’est le message d’une tribune que nous venons de publier dans le Monde.
De nombreuses personnes en errance diagnostique sont tentées de faire tester leur microbiote en espérant une réponse à leurs problèmes. Même si ce test est maintenant proposé par certains laboratoires privés et bien sur non remboursé, on ne peut rien attendre d’un tel résultat pour le moment, au risque d’enrichir des charlatans exploitant la détresse de personnes souffrantes. Soyons patients, les études sur le microbiote amèneront, dans les années qui viennent, de nombreuses réponses en médecine, encourageons ces recherches auxquelles nous participons.