Le décret du 26 avril 2022 portant sur les conditions techniques de fonctionnement de l’activité de soins critiques va entrainer des changements au sein de l’unité de soins continus (USC). Agnès Barrau, cadre de santé de l’unité, présente les particularités de son service ainsi que les principales évolutions.
USC : polyvalence et multi-compétences
L’unité de soins continus (USC) fait partie de ce que l’on appelle les soins critiques, aux côtés des différents services de réanimations et de soins intensifs. Elle accueille des patients dont l’état ou le traitement nécessite une surveillance rapprochée; un état trop sévère ou instable, incompatible avec une prise en charge dans une unité d’hospitalisation classique. L’USC de Poitiers est située à l’étage – 2 du satellite. Elle est composée de 18 lits : 12 lits de médecine et d’hématologie et 6 lits de chirurgie. Les deux secteurs sont répartis dans deux ailes, chacune gérée par deux équipes médicales différentes : celle du Pr Arnaud Thille, chef de l’unité de soins continus médicale, et celle du Pr Denis Frasca, chef du service de l’unité de soins continus chirurgicale. Par contre, c’est une seule et même équipe paramédicale qui prend en charge l’ensemble des patients. Constituée de 22 infirmières et de 18 aides-soignants, l’équipe paramédicale est encadrée depuis 2019 par Agnès Barrau, cadre de santé IADE. « Nous pouvons recevoir une douzaine de spécialités différentes : des patients en post-opératoire de chirurgie, des polytraumatisés, des patients d’hématologie qui doivent suivre une chimiothérapie en urgence, des patients en détresse respiratoire, des femmes enceintes, des patients en sevrage alcoolique, etc. Notre travail c’est la détresse, la détresse quelle qu’elle soit. C’est pourquoi l’équipe paramédicale doit faire preuve d’une grande polyvalence et avoir des compétences variées. La médecine évoluant sans cesse, elle doit avoir toujours ses connaissances à jour », souligne-t-elle. C’est pour cette raison qu’Agnès Barrau accorde une grande importance à la formation. « Les particularités de notre unité font que l’on favorise le recrutement d’infirmiers avec au moins un an d’expérience plutôt que de jeunes infirmiers diplômés. Nous avons beaucoup travaillé sur l’accueil des nouveaux arrivants. Nous avons mis en place un parrainage par un senior infirmier ou aide-soignant qui accompagne les nouveaux venus. Pour ma part, je fais des points réguliers pour suivre l’intégration. Nous faisons des formations en interne, beaucoup de formation théorique et d’ateliers pratiques». Cette diversité et l’ensemble des compétences nécessaires pour exercer dans cette unité nécessitent de l’investissement et du temps pour l’acquérir. Cette complexité peut constituer un frein pour certains soignants. Cependant, elle représente une véritable richesse pour les soignants de l’équipe, ce que confirment les témoignages suivants. Faizoudine Abdallah est aide-soignant en USC depuis quatre mois après avoir exercé dans le service d’orthopédie traumatologie et chirurgie de la colonne vertébrale. Il a choisi d’intégrer cette unité pour compléter sa formation et acquérir davantage de compétences et de connaissances. Ce qu’il aime particulièrement, c’est le dynamisme du service. « C’est un service très actif, très technique et très pointu. J’avais un peu d’appréhension en arrivant mais j’ai, depuis, pris mes marques. J’ai acquis pas mal de connaissances au niveau du monitoring et du scope ». Aurélie Chouleur est infirmière en USC depuis avril 2022. Arrivant de Bordeaux, elle souhaitait intégrer un service « un peu moins traditionnel avec moins de patients en charge par infirmier ». Elle qui avait demandé à rejoindre un service de réanimation, est ravie de travailler en USC. « C’est un service très polyvalent, touche-à-tout. C’est très formateur. J’apprends de nouvelles choses tous les jours », se réjouit-elle. La polyvalence et les nombreuses compétences ouvrent grandes les portes pour les projets d’évolution professionnelle des infirmiers et aides-soignants de l’USC : concours d’entrée en IFSI, école IADE entre autre.
USC : une activité qui évolue
L’USC a été fortement mobilisée lors de la crise sanitaire liée à la covid-19. Elle a accueilli des patients atteints par le virus. Elle a notamment accueilli des patients en provenance des hôpitaux du Grand-Est et de Paris. Agnès Barrau n’avait alors pris ses fonctions de cadre en USC que depuis six mois. La covid-19 a complétement transformé l’activité du service.
« Nous avons reçu des patients beaucoup plus critiques qu’avant et nous prenons en charge, depuis deux ans, une nouvelle spécialité qui est l’hématologie », explique Agnès Barrau. Le décret, très attendu, va transformer les soins continus en soins intensifs polyvalents et apporter quelques changements organisationnels. Parmi ceux-ci, le ratio de patients à prendre en charge par soignant va être abaissé, il passera de 6 à 4. Cette modification va permettre d’améliorer la qualité de prise en charge des patients ainsi que la qualité de vie au travail des soignants. En effet, la charge de travail en USC peut être intense, même si certains membres de l’équipe aiment ce côté tonique de l’activité. En parallèle de la mise en application du décret, l’USC a plusieurs projets : l’un d’entre eux étant son engagement dans la démarche label usager. L’acquisition de ce label va permettre de souligner les efforts entrepris par l’équipe depuis deux ans pour l’amélioration constante de la qualité de l’accueil des patients et de leurs proches. Le service travaille également sur un projet sur la qualité du sommeil des patients en réduisant notamment l’impact des alarmes sonores et visuelles. L’USC travaille aussi en collaboration avec les différents services de réanimation dans une démarche d’harmonisation des pratiques et des protocoles.