Il ne pensait pas aller si loin dans le concours et pourtant il en est le grand vainqueur. Paul Dequidt, docteur en traitement du signal et des images à l’Université de Poitiers, a remporté le 11 juin, non seulement le 1er prix du jury lors du concours national Ma Thèse en 180 secondes, mais également le prix des internautes. C’est la première fois que ces deux prix sont remportés par Poitiers depuis le lancement du concours en 2014.
En février 2021, Paul Dequidt a soutenu sa thèse intitulée « Analyse de données RMN multimodales par intelligence artificielle pour la discrimination binaire du grade du gliome ». Le chercheur propose d’utiliser l’intelligence artificielle pour améliorer les diagnostics de présence des tumeurs cérébrales chez les jeunes adultes. Paul Dequidt a effectué sa thèse au sein du laboratoire commun i3M (Imagerie Métabolique Multinoyaux Multiorganes), structure de recherche résultant d’un partenariat quadripartite : CNRS, CHU de Poitiers, université de Poitiers, et l’industriel Siemens Healthineers. Ce laboratoire, dédié à la modélisation mathématique et à l’IA pour l’imagerie médicale, implique l’équipe DACTIM-MIS du laboratoire de mathématiques et applications (CNRS 7348) et l’équipe ICONES de XLIM (CNRS 7252). Il exploite le seul IRM ultra haut champ 7 tesla, actuellement disponible à la fois en usage recherche et en usage clinique en France, qui donne accès à une imagerie moléculaire, métabolique, d’une très haute résolution permettant de mesurer la structure et la fonction des organes, et du cerveau en particulier, de façon inégalée. Paul a réalisé ses travaux entre le site d’XLIM (campus sciences du Futuroscope), le site de la plateforme IRM 3T et 7T et de DACTIM au CHU.
Avant de s’orienter vers des études en signal et images, Paul Dequidt avait commencé des études de médecine à la faculté de Tours. Mais il a gardé pour objectif de travailler dans le domaine de la santé et plus particulièrement sur tout ce qui touche au cerveau. « C’est un organe absolument fascinant qui m’a toujours énormément intéressé », souligne le jeune chercheur.
Même s’il a obtenu le titre de docteur de l’université en février 2021, Paul Dequidt a pu participer cette année au concours Ma Thèse en 180 secondes, celle de 2020 ayant été annulée à cause de la crise sanitaire. Créé depuis plus de huit ans, ce concours permet aux doctorants d’exposer leurs travaux de recherche devant un public non spécialisé. Cela en trois minutes et pas une seconde de plus. Paul a passé avec succès les quatre étapes de sélection face à plus de 600 autres doctorants sur toute la France, la dernière étape étant la finale nationale qui a eu lieu à Paris le 11 juin. Seize finalistes se sont affrontés pour cette édition à distance mais retransmise en direct sur internet. Paul a brillamment réussi sa prestation puisqu’il a remporté le premier prix du concours national Ma Thèse en 180 secondes mais aussi le prix des internautes.
Modeste, il explique que son sujet de recherche profite déjà d’une bonne médiatisation, les gliomes étant les tumeurs cérébrales les plus communes, ce qui facilite la vulgarisation. Mais sa présentation a fait l’unanimité à chaque étape : il a su vulgariser sa thématique de recherche et utiliser l’humour pour parler d’un sujet sérieux. Il s’est vu remettre les deux trophées par Fred Courant, animateur de L’Esprit Sorcier et parrain de l’édition 2021 du concours, mais aussi par la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Frédérique Vidal, présente pour l’occasion.
Mais ce n’est pas encore terminé pour Paul Dequidt. En tant que vainqueur d’une compétition, il doit maintenant représenter la France lors de la finale internationale du concours qui aura lieu en septembre à Paris. Vingt-cinq pays francophones s’affronteront. Pour Paul, qui ne pensait déjà pas arriver si loin dans le concours : « c’est une grande responsabilité pour moi de porter les couleurs de Poitiers si loin. Cela me fait évidemment très plaisir à titre personnel, et cela peut servir de vitrine pour mes travaux de recherche ».