Pôle médico-social : anticiper sur l’avenir

Le Dr Karim Hadj-Aroussi est médecin gériatre à l’hôpital de Châtellerault depuis 2002. Il a vu l’établissement évoluer avec l’arrivée de nombreux médecins et le développement de plusieurs spécialités. La filière gériatrique y est apparue en 2005 avec la création du court séjour gériatrique et l’augmentation de la capacité en lits de soins de suite et de réadaptation. La filière a déménagé dans le bâtiment B du nouvel hôpital en 2010. Les unités d’hébergement de la maison médicale ont, quant à elles, été transférées au Villâge en 2015. Début 2021, il s’est vu confier le poste de chef du pôle médico-social des sites de Châtellerault et de Loudun. Conscient du rôle essentiel, dans les années à venir, des établissements médico-sociaux d’accueil des personnes âgées pour la prise en charge des plus de 75 ans, le Dr Hadj-Aroussi connait les enjeux du pôle.

La gériatrie est une spécialité récente

La gériatrie est une spécialité assez jeune par rapport à d’autres spécialités telle que la cardiologie ou la pneumologie. Alors que le terme de gériatrie a été utilisé pour la première fois en 1909, la médecine gériatrique a commencé à être exercée dans les années 1950. La spécialité n’a été reconnue qu’en 1990 avec la création du diplôme de capacité nationale de gériatrie, souvent confondue avec la gérontologie. Même si elles sont complémentaires, la première est destinée aux soins préventifs curatifs et palliatifs alors que la seconde s’intéresse au vieillissement de la personne dans la pluralité de ses aspects. Pendant longtemps méconnues, ces deux spécialités font aujourd’hui partie du décor hospitalier. Je fais partie des premiers médecins formés en gériatrie dans les années 90, spécialisation reconnue par ce que l’on appelle alors une « capacité nationale de gériatrie ». Aujourd’hui, comme pour les autres spécialités de médecine, il existe un diplôme d’études supérieures.

Quelle est l’importance du secteur médico-social ?

Le secteur médico-social des sites de Châtellerault et de Loudun est important. Avec 305 places, Châtellerault représente la structure la plus importante du département : 245 lits d’EHPAD, 60 lits d’USLD dont 20 en unité d’hébergement renforcé. A Loudun, nous avons 66 lits d’EHPAD parmi lesquelles 12 places dédiées à l’unité de vie Alzheimer et 30 lits en USLD. Parmi nos résidents beaucoup sont très âgés, fragiles et polypathologiques. L’activité du pôle est importante et les prévisions pour les années à venir laissent imaginer que les besoins le seront bien plus. Une étude de la revue Grand âge prévoit qu’en 2030, les plus de 75 ans seront à peu près à 8,3 millions et les plus de 85 ans près de 2,4 millions. Ces personnes auront davantage recours aux soins hospitaliers.  25% d’entre elles seront dépendantes et elles solliciteront un hébergement dans un établissement, EHPAD ou USLD. Ces chiffres montrent qu’il nous faut anticiper cette situation. D’autant plus que la maladie d’Alzheimer impactera ce paysage : près de 100 000 nouveaux cas sont détectés chaque année.

Quelles sont vos missions en tant que chef de pôle médico-social ?

Mon rôle est de mettre en œuvre la politique de l’établissement afin d’atteindre les objectifs qui ont été fixés, d’organiser l’encadrement du pôle avec les équipes médico-soignantes et administratives, de m’assurer de son bon fonctionnement et de veiller à ce qu’il soit dynamique. Même si je ne suis pas un grand spécialiste dans ce domaine, le volet médico-économique a une énorme importance. Gérer deux sites différents n’est pas évident, Loudun étant à 50 km de Châtellerault. Mais grâce aux nouvelles technologies, nous arrivons à communiquer par le biais des visio-conférences. Il est, cependant, essentiel d’aller sur le terrain pour rencontrer les équipes de Loudun qui sont un petit peu en souffrance au niveau des effectifs médicaux. Nous travaillons avec les moyens que nous avons et je tiens à remercier le Dr Marie-Ange Richard qui nous aide en ce qui concerne les patients hospitalisés en USLD.

Quels sont vos objectifs pour les années qui viennent ?

Nous allons essayer d’atteindre certains objectifs. En premier lieu, il s’agira de renforcer les équipes médicales. Même si Châtellerault est un peu mieux loti que Loudun, les deux sites n’ont pas les effectifs suffisants que ce soit en médecin ou en soignant. Il faut les fidéliser et surtout valoriser le métier de soignants dans les structures médico-sociales ce qui peut améliorer un peu l’attractivité. Il s’agira ensuite de mettre en œuvre le projet du pôle qui pour moi rejoint formellement le projet d’établissement. Cela demande l’investissement de tous les acteurs, médecins, soignants administratifs. Nous allons également développer les relations avec les familles parce qu’elles sont un facteur essentiel pour le bien-être des résidents. Nous allons établir un projet de vie personnalisé avec l’intégration des proches et faire entrer les patients dans une logique domiciliaire en travaillant sur plusieurs thèmes notamment l’hôtellerie, la restauration, l’animation etc. Dans peu de temps, les USLD seront soumis à la certification de la Haute autorité de santé et c’est quand même un enjeu à ne pas négliger.