En novembre dernier, Jessika Moreau a rejoint le service de gynécologie obstétrique et médecine de la reproduction pour son premier poste de médecin biologiste. Un service qu’elle connaît bien pour y avoir effectué un stage d’externat, lors de ses études de médecine à la faculté de Poitiers. Son internat l’amène ensuite à la faculté de Bordeaux, où elle étudie la biologie médicale, et se spécialise en biologie de la reproduction en obtenant un master professionnel à Paris, lui permettant de travailler en laboratoire avec une double compétence, biologique et clinique.
Quelles sont les missions pour lesquelles vous avez été recrutée ?
Je suis arrivée pour seconder Muriel Rousseau, biologiste, dans le développement de l’activité de la médecine de la reproduction au CHU. D’une taille modeste, le service est assez récent, l’enjeu est à la fois d’augmenter le nombre de ponctions, mais aussi de créer de nouvelles activités. Au quotidien, suite aux ponctions transvaginales réalisées par les gynécologues, je renforce l’équipe dans la recherche de gamètes et la préparation du sperme, la congélation/décongélation embryonnaire, ainsi que l’évaluation, le suivi et le transfert des embryons. Je valide aussi les dossiers de fécondation in vitro et de spermiologie. Avec les gynécologues, je suis en contact avec les couples pour les informer des résultats tout au long de la procédure. Enfin, dans le cadre de l’accréditation en cours des laboratoires par le Cofrac, je mène un travail de fond sur nos procédures.
Pouvez-vous nous en dire plus sur l’avenir de l’assistance médicale à la procréation ?
L’avenir de cette spécialité est de développer la prise en charge de l’infertilité masculine avec les biopsies testiculaires, et de mettre en place des consultations de biologie, dont le but est d’expliquer aux patients les techniques de procréation médicalement assistée et de congélation, notamment la vitrification, une technique récente au CHU, mais aussi les chances de réussite. Une bonne information permet d’impliquer les gens et de les rendre acteurs dans leur prise en charge. C’est un complément indispensable à ce qu’ils peuvent par exemple trouver sur internet. Enfin, la préservation de la fertilité pour les patients sous traitements lourds avec des effets castrateurs, notamment en cancérologie, constitue un axe de développement. Chez l’adulte, il s’agit de préserver les gamètes et tissus germinaux avant le traitement, et chez l’enfant, de préserver le tissu ovarien pour les filles et les tissu testiculaire pour les garçons, afin de procéder à une greffe après traitement. A la demande de l’Agence régionale de santé, dans le cadre du plan cancer 3, ce projet devrait voir le jour dans le courant du deuxième semestre 2016.
Quelle est la nature de vos travaux sur la sélection embryonnaire ?
J’ai achevé ma thèse qui porte sur l’intérêt de la sélection embryonnaire avant transfert, dans un contexte actuel qui tend vers l’hyper-sélection des embryons. Je travaille aujourd’hui sur un projet d’étude prospective randomisée, multicentrique et national qui inclurait 5 000 patients. Nous déposerons en mars un dossier au titre du programme hospitalier de recherche clinique (PHRC) 2016, sous la responsabilité du Pr Clément Jimenez (université de Bordeaux), pour cette étude encore inédite.