Julien Dutilh a rejoint le CHU de Poitiers pour son premier poste en novembre 2014. Le jeune pneumologue, issu de la Faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers, a développé deux compétences qui l’amènent à intervenir dans les services de pneumologie et d’oncologie, mais également au CH de Montmorillon. La première est l’activité de plateau technique interventionnel en pneumologie, à laquelle il s’est formé de manière intensive pendant les six mois de son inter-CHU à Lille. La seconde est une compétence sur le cancer du poumon, acquise dans le cadre d’un diplôme d’études spécialisées complémentaires en cancérologie.
Votre arrivée dans le service de pneumologie a permis de développer considérablement l’activité d’endoscopie interventionnelle. En quoi consiste cette pratique ?
L’endoscopie interventionnelle regroupe les endoscopies thérapeutiques (bronchoscopie rigide) et certaines endoscopies complexes. Pour ce qui est des bronchoscopies rigides, cette technique s’utilise principalement dans les cas de cancers du poumon pour désobstruer les bronches, puis pour mettre en place des prothèses après la désobstruction. Bien que cette activité existe au sein du service de pneumologie CHU de Poitiers depuis plusieurs années, l’apport de mon expérience acquise dans un service d’endoscopie interventionnelle spécialisé a permis de créer une véritable équipe interventionnelle, médicale et soignante. Cela a favorisé la pratique régulière de l’endoscopie interventionnelle, de manière hebdomadaire et parfois en urgence, ainsi que la réalisation de deux à trois écho-endoscopies bronchiques par semaine (un acte permettant de biopsier les ganglions médiastinaux).
Quels sont les enjeux de ce développement ?
Il s’agit de pratiques relativement invasives qui ne se font qu’en CHU, car elles nécessitent un équipement spécifique et la proximité d’un plateau de réanimation. Nous avons créé une nouvelle activité régionale de recours, importante notamment pour les centres hospitaliers du Poitou-Charentes, qui devrait encore pouvoir se développer davantage grâce à l’ouverture prochaine centre d’explorations techniques et interventionnelles au CHU. En tant que membre de groupe d’endoscopie de langue française, je prends également part à des protocoles de recherche clinique mutualisés, actuellement sur les simulateurs en endoscopie. Au CHU, nous travaillons à la création d’un protocole de recherche clinique en écho-endoscopie, à l’horizon 2016.
Quelle est votre activité en cancérologie ?
Nous sommes trois pneumologues, dont deux à mi-temps, à exercer au pôle régional de cancérologie. Je reçois des patients atteints de cancers du poumon pour des traitements par chimiothérapie, je participe aux réunions de concertation pluridisciplinaire d’oncologie thoracique, et j’assure leur suivi en consultation, en relation avec le service de pneumologie et de chirurgie thoracique. Je participe par ailleurs à une activité de recherche clinique. Une dizaine d’essais cliniques sont actuellement ouverts, nous permettant de tester de nouveaux protocoles et médicaments dont certains aboutiront à une mise sur le marché.
Pourquoi était-il important de créer une journée de consultations par semaine, en pneumologie, à Montmorillon ?
Cela nous a permis d’apporter une offre de soins de proximité aux habitants du Montmorillonais, en proposant sur place des consultations de pneumologie, des fibroscopies bronchiques et des explorations fonctionnelles respiratoires. En l’espace de six mois, nous avons rempli tous nos créneaux, avec notamment des patients qui n’auraient pas toujours fait le déplacement jusqu’à Poitiers. La prise en charge du cancer du poumon a été considérablement améliorée : du dépistage au soin, en lien avec le pôle régional de cancérologie du CHU, le patient dialogue avec un interlocuteur unique de proximité, ce qui est bien sûr plus confortable et rassurant.