Questions à… Nathalie Dubouilh, architecte du Centre neuro-cardio-vasculaire

Nathalie Dubouilh

Nathalie Dubouilh est, associée à Sarah Caragiale, à la tête de l'agence parisienne Behrend Centdegrés Architectures, mandataire du projet de centre neuro-cardio-vasculaire (NCV).

Comment êtes-vous entrée dans l’aventure NCV ?
En 2010, nous avons travaillé à une candidature unique avec l’agence bordelaise TLR architecture & associés pour répondre au concours lancé par le CHU de Poitiers. Jocelyne Behrend, fondatrice de l’agence, avait fait la connaissance des associés de TLR Architecture, et nous attendions l’opportunité d’un concours entre Bordeaux et Paris pour associer nos compétences sur un projet commun. Nous avons finalement remporté le concours du NCV au mois de juillet 2011.

Selon vous, pourquoi votre projet a-t-il été retenu ?
Comme les autres candidats, nous nous sommes appuyés sur les études de programmation menées en amont par les équipes du CHU pour définir leurs besoins. Nous avons tenté d’y apporter la meilleure réponse, à la fois architecturale et fonctionnelle, en prenant en compte les contraintes du site. Je pense que la réussite du projet tient beaucoup à la fusion complète que nous avons su proposer entre l’existant  le bâtiment Jean-Bernard  et l’extension  le centre NCV. La rue publique intérieure unique reliant les halls d’accueil des deux bâtiments est une innovation hors programme, de même que la galerie logistique sous le nouveau centre, déjà livrée, reliée avec la cour logistique existante au niveau -2 de Jean-Bernard. Dans le centre NCV, tout est conçu pour séparer les flux (grand public, logistique, transport des malades, urgences…) et simplifier au maximum la circulation avec des liaisons simples et directes à partir des espaces centraux de chaque étage. Le RDC accueillera directement les consultations, le niveau 0 le plateau technique (blocs opératoires, urgences, soins intensifs…) et le niveau 1 les hospitalisations et des bureaux. Les services de réanimation s’étendront du RDC au niveau 0 et ne feront qu’un seul bloc avec ceux qui existent déjà dans le satellite. Nous avons voulu concevoir un lieu chaleureux, qui laisse entrer la lumière naturelle dans tous les secteurs d’activité qui le permettent.

Quel est votre champ d’intervention dans ce projet d’envergure ?
En tant qu’architectes, nous avons imaginé le bâtiment dès son origine. Nous jouons depuis un rôle de chef d’orchestre pour coordonner l’ensemble des intervenants. L’agence Behrend Centdegrés Architectures, majoritairement en charge de la phase d’étude, est mandataire du groupement de concepteurs du projet, composé des architectes, du bureau d’études d’ingéniérie, d’un économiste, d’un acousticien, d’un paysagiste et d’un spécialiste haute qualité environnementale. L’agence TLR intervient davantage depuis le début du chantier, en 2013, pour viser les plans d’exécution réalisés par les entreprises, assurer la direction d’exécution des travaux et gérer l’interface entre les différents corps de métier.

Dans les faits, nos deux agences travaillent main dans la main depuis le début. Il faut savoir que nous dessinons tout, avec un niveau de détail de plus en plus élevé au fil de l’avancée du projet. Notre mission est de penser architecturalement les contraintes techniques qui apparaissent en amont et au cours du chantier. Finalement, nous garantissons que l’image que nous avons dessinée au départ sera la même à l’arrivée, ce qui nous oblige à recadrer les choses en permanence et à imaginer des solutions alternatives pour préserver le projet. D’autant plus qu’un projet hospitalier bouge beaucoup avec les évolutions de la technique et des projets médicaux.

Quand le projet s’achèvera-t-il pour vous ?
Nous allons continuer à suivre les travaux jusqu’à la livraison du chantier début 2017, puis nous nous rendrons encore disponibles pendant une année, dite de parfait achèvement, pour pallier les éventuels dysfonctionnements qui pourraient apparaître. Mais le réel aboutissement de ce projet, c’est la satisfaction de ceux qui seront amenés à y évoluer. Nous nous efforçons d’effacer toutes les contraintes techniques pour faire du centre neuro-cardiovasculaire un espace rempli d’humanité, un lieu dont l’image architecturale reflète l’ambition d’un projet innovant et technologique, tout en conservant une échelle humaine chaleureuse, le plus accueillant possible pour les patients et pour le personnel.