Questions au Dr Tackwa Khalifeh, pédiatre

Le docteur Tackwa Khalifeh, pédiatre

Née à Bordeaux, le docteur Tackwa Khalifeh a réalisé l’ensemble de son cursus secondaire et universitaire dans la capitale poitevine. En 2001, elle intègre la faculté de médecine et de pharmacie de Poitiers. Après son externat, elle réussit les épreuves classantes nationales et commence ainsi son internat en 2008. Après quatre ans et une année recherche, le docteur Tackwa Khalifeh devient chef de clinique en pédiatrie générale au CHU de Poitiers. De plus, elle est spécialiste en néphrologie pédiatrique et est référente en drépanocytose au sein de l’exrégion Poitou-Charentes, une rareté qui fait d’elle un maillon essentiel au tissu médical poitevin.

Docteur Khalifeh, pouvez-vous nous expliquer ce qu’est la drépanocytose ?
La drépanocytose est une maladie génétique du sang. Les globules rouges sont fragilisés, ils se cassent ce qui génère des complications plus ou moins graves telles que l’anémie, l’ischémie, des micro-caillots sanguins qui peuvent faire survenir des micros-infarctus osseux ou des accidents vasculaires cérébraux. A ce jour, elle est incurable mais des traitements existent pour stabiliser son évolution et limiter les crises. C’est une maladie que l’on peut détecter très tôt chez le nourrisson, à deux ou trois semaines de vie.

A quoi est due la drépanocytose ?
C’est assez difficile à expliquer. C’est une maladie très présente en Afrique et aux Antilles car certaines populations ont développé une résistance naturelle au paludisme grâce à une mutation génétique au niveau de leur hémoglobine : ils sont ce qu’on appelle « porteurs sains de l’hémoglobine S » que l’on appelle hétérozygote AS. Les gens en bonne santé une hémoglobine normale A. Les malades drépanocytaires ont une hémoglobine S. La maladie se forme quand les deux parents porteurs AS donnent chacun la copie mutée S du gène à leur enfant.

Quels sont les traitements à cette maladie ?
Il y en a plusieurs mais ils ne permettent pas aux patients de guérir, juste d’éviter des complications potentiellement fatales. Pour tous les drépanocytaires normaux, il faut veiller à beaucoup boire, à éviter les efforts physiques et la chaleur. Ils ont un antibiotique tous les jours pour éviter les infections et des vitamines. Dans le cas de drépanocytose plus sévère, la transfusion sanguine, voire la greffe de moelle osseuse sont envisagées. Tous les enfants ont un suivi médical tous les trois mois. En France, l’espérance de vie des drépanocytaires monte jusqu’à 60 ans. En Afrique, une grande proportion d’enfants malades ne peut pas espérer vivre au-delà d’une dizaine d’années.

Comment avez-vous été amenée à traiter la drépanocytose des enfants ?
A la base, je suis pédiatre et me suis engagée vers la drépanocytose, non pas par choix mais parce que c’était une spécialité vacante lors de mon arrivée au CHU… Et je ne regrette absolument pas ! Je suis passionnée par mon travail car j’adore être au contact des enfants : ils sont directs, matures, très résistants à la douleur et une capacité d’adaptation vraiment surprenante. Je suis la plupart de mes petits patients drépanocytaires depuis leur naissance, un lien se créé automatiquement avec eux et leurs familles. Si j’avais plus de temps, j’aimerai contribuer à la recherche clinique afin d’améliorer la qualité de vie des patients drépanocytaires.