Radiothérapie : des nouvelles technologies pour une prise en charge optimale

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Le service de radiothérapie du CHU de Poitiers assure une prise en charge sécurisée des patients grâce à son organisation et à ses plateaux techniques de pointe. Rencontre avec les professionnels du service.

Qu’est-ce que la radiothérapie ?

Traitement de référence contre les cancers, la radiothérapie consiste à délivrer localement des rayonnements pour détruire les cellules cancéreuses en bloquant leur capacité à se multiplier. Elle peut être utilisée seule ou en association avec d’autres traitements tels que la chirurgie, la chimiothérapie ou l’immunothérapie. « La radiothérapie peut être délivrée à visée curative ou prévenir un risque de récidive. Elle intègre aussi une optique palliative par la prise en charge de la douleur, de phénomènes compressifs ou hémorragique par exemple ». Différents traitements peuvent être proposés aux patients par les spécialistes du CHU de Poitiers. On oppose les techniques de radiothérapie externe où le rayonnement traverse la peau du patient pour atteindre un volume d’intérêt, et la curiethérapie où la source de rayonnement est positionnée directement à l’intérieur ou au contact de la cible. On distingue la radiothérapie externe normo-fractionnée (classique) qui s’appuie sur de multiples séances à faible dose sur un volume conséquent et la radiothérapie stéréotaxique (ablative), qui utilise un faible nombre de séances à forte dose et sur un volume limité.

Radiothérapie : une prise en charge en toute sécurité

La décision d’orienter un patient vers un traitement de radiothérapie est prise collégialement en réunion de concertation pluridisciplinaire. Celui-ci intègre alors un parcours parfaitement organisé qui commence par la rencontre avec un oncologue radiothérapeute en consultation d’annonce. Il s’agit alors d’établir le plan de traitement adapté au patient, plan qui définit la stratégie thérapeutique adéquate, l’équipement adapté, le nombre de séances et la durée du traitement. Quel que soit le traitement de radiothérapie choisi, le patient est soumis à un temps de préparation pour repérer avec précision la zone à irradier et la dose de traitement à délivrer. En effet, pour l’efficacité du traitement, l’irradiation doit cibler la tumeur sans léser les zones saines avoisinantes, ce qui nécessite que le patient soit toujours dans la même position. Cette préparation est faite grâce à l’imagerie, et notamment grâce à un scanner dosimétrique réalisé par les manipulateurs de radiothérapie. « Ils définissent un centre géométrique d’irradiation que l’on tatoue directement sur le patient qui servira de point de référence pour les équipements de radiothérapie. Une modélisation informatique du plan de traitement sera établie puis validée par un physicien médical et un médecin radiothérapeute ». Lorsque le plan de traitement est validé, celui-ci est soumis à une validation sous l’appareil de traitement sur un fantôme. Le traitement ne débute qu’après vérification de l’ensemble des paramètres de traitement. Tout au long du traitement, le positionnement du patient et la dose physique sont scrupuleusement vérifiés lors des séances. Un traitement dure en moyenne de quatre à huit semaines, à raison de cinq séances par semaine. Les séances sont en moyenne de 3 à 4 minutes. Au sein du service de radiothérapie, la prise en soins des patients mobilise des manipulateurs, des dosimétristes, des physiciens, des techniciens, des secrétaires, des infirmiers, des agents de services hospitaliers, une cadre de santé et des radiothérapeutes.  Tout est fait pour que les traitements soient délivrés en toute sécurité : les intervenants doivent être habilités pour l’utilisation des différents équipements, équipements qui sont eux-mêmes régulièrement contrôlés.

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Assurer la continuité des soins

Les spécialistes du CHU de Poitiers disposent d’équipements techniques de pointe. Quatre accélérateurs de particules Elekta avec collimateurs multi-lames et imagerie embarquée permettent la réalisation des radiothérapies externes. À ceux-ci, s’ajoute l’accélérateur Cyberknife, système de radio-chirurgie stéréotaxique robotisé qui traite des tumeurs inaccessibles chirurgicalement, en les ciblant avec une grande précision tout en épargnant les tissus sains environnants. Le CHU de Poitiers dispose d’une unité de curiethérapie équipée d’un bloc opératoire et d’un projecteur de source HDR.

Le service de radiothérapie vient de remplacer l’un des accélérateurs en conservant la possibilité de fonctionner en « machine miroir », c’est-à-dire, un équipement identique. Ceci permet au patient de ne pas avoir d’interruption de traitement. « Nos équipements sont soumis à des maintenances plus ou moins longues et malheureusement parfois aussi à des pannes. Il est important que nous puissions délivrer le traitement au patient sur un équipement qui délivre exactement le même traitement. Il faudrait, sinon, procéder à un nouveau scanner dosimétrique pour définir une nouvelle planification, ce qui ferait perdre un temps précieux. Avec près de 250 patients par jour, ce serait impossible ». Cette acquisition s’inscrit dans une logique de continuité des soins. L’acquisition de l’équipement Elekta a coûté 2,3 millions d’euros et près de 200 000 euros de travaux. Il s’inscrit dans un plan d’investissement propre au service qui prévoit le renouvellement des deux autres accélérateurs ainsi que de l’équipement de curiethérapie en 2025-2026. Après quatre mois d’installation, de configuration et de validation, le nouvel accélérateur est entré en fonctionnement le 14 juin 2024. Le service a été accompagné par Aurélie Supiot, ingénieure de la direction technique du biomédical.

De nouvelles technologies au service des patients

Les spécialistes du service de radiothérapie n’ont de cesse de faire évoluer leurs plateaux techniques pour élargir l’offre de soins et garantir une prise en charge optimale des patients. Le service va bientôt se doter d’une nouvelle technologie : le guidage surfacique.  Ce dernier permet l’acquisition tridimensionnelle continue de la surface du patient grâce à plusieurs caméras optiques lors du scanner dosimétrique. Sous l’appareil de traitement, lors de chaque séance et en continu, la surface du patient est comparée à la surface attendue. Ce système permet une optimisation du repositionnement des patients et à son contrôle pendant la séance.  Ce guidage surfacique ouvre la possibilité de nouvelles modalités de traitement dans la prise en charge du cancer du sein, en optimisant notamment l’épargne cardiaque. Les patientes peuvent être traitées en inspiration profonde, malgré la respiration libre, permettant d’écarter le cœur du sein traité.

Autre évolution technique attendue : le développement de la radiothérapie stéréotaxique sur accélérateur linéaire de particules permettant de désengorger le Cyberknife. Ce système offre aussi une solution rapide de traitement à des patients non éligibles au Cyberknife.