Regard médical : Violaine Randrian, hépato-gastro-entérologue

Dr Violaine Randrian

Hépato-gastro-entérologue, Violaine Randrian s’est également spécialisée en oncologie digestive. Elle a intégré le CHU de Poitiers en 2019 et a été nommée maitre de conférences des universités-praticien hospitalier en septembre 2022.

Quelle a été votre formation ?

J’ai commencé mes études de médecine à Dijon puis j’ai intégré l’école de l’INSERM pour réaliser un master 2 avant mon externat. J’ai effectué mon externat à Paris avant d’aller faire mon internat à Clermont-Ferrand. Ensuite, j’ai interrompu ma formation médicale pendant trois ans pour réaliser une thèse de science à l’Institut Curie. J’ai également exercé à l’hôpital périphérique d’Aurillac dans le Cantal. Je suis arrivée au CHU de Poitiers en 2019 en tant que chef de clinique dans le service d’hépato-gastro-entérologie. J’ai été recrutée par le Pr Christine Silvain, chef du service d’hépato-gastro-entérologie (HGE) du CHU de Poitiers, qui était alors vice-présidente du conseil national des universités (section HGE). Mon parcours m’a donc permis de découvrir de nombreuses institutions et centres hospitaliers et d’avoir ainsi une bonne vision du système hospitalier public français. J’étais contente d’intégrer le CHU de Poitiers pour travailler, notamment, auprès du Pr David Tougeron qui bénéficie d’une renommée nationale dans le domaine de la cancérologie digestive et coordonne de nombreux essais cliniques. De plus, le CHU de Poitiers est en capacité de prendre en charge les patients atteints de cancers digestifs, depuis le diagnostic jusqu’aux traitements spécifiques incluant les essais cliniques et la radiologie interventionnelle, ce qui évite d’avoir à faire déplacer les patients.

Pourquoi avez-vous choisi cette spécialité ?

Le goût pour l’hépato-gastro-entérologie m’est venu assez tôt à la faveur d’un stage dans cette spécialité quand j’étais externe. Ce qui m’intéresse, c’est la diversité des patients pris en charge : hommes, femmes, jeunes, vieux, socialement favorisés ou défavorisés, etc. La spécialité prend en charge tous types de populations. Le mode d’exercice est tout aussi diversifié : à la fois technique, avec l’endoscopie, et médical ; alliant la prise en charge chronique et la prise en charge d’urgence, notamment via les astreintes. La cancérologie est dans la continuité de cette diversité de prise en charge puisque l’on traite de l’œsophage jusqu’à l’anus, le pancréas, le foie. Je souhaitais de longue date me sur-spécialiser en cancérologie digestive. J’ai fait, en ce sens, un stage d’inter-CHU à l’hôpital européen Georges-Pompidou dans le service d’oncologie digestive du Pr Julien Taieb.

Pourquoi avoir choisi une carrière hospitalo-universitaire ?

La motivation pour la recherche m’est venue assez tôt puisque j’ai intégré l’école de l’INSERM en deuxième année de médecine. La carrière universitaire c’est l’exercice de la médecine dans lequel je me sens le mieux, alliant au quotidien recherche et médecine. La part de l’enseignement est aussi importante. J’ai à cœur de permettre aux étudiants en médecine qui le souhaitent d’effectuer un master 2 avant leur externat. Pour ce faire, nous sommes en discussion avec le comité scientifique du master 1 biologie santé de Poitiers qui vise à former les étudiants en médecine à la recherche. L’existence de ce parcours pluridisciplinaire depuis une dizaine d’année est un réel atout pour la faculté de médecine de Poitiers, permettant de construire de beaux projets de formation médico-scientifique.

Sur quoi portent vos recherches ?

Pendant ma thèse de sciences, mes recherches portaient sur le système immunitaire de la muqueuse intestinale. En arrivant à Poitiers, j’ai intégré l’équipe PRODICET, unité de recherche nouvellement créée qui s’intéresse à la dissémination des cellules cancéreuses et aux mécanismes de cette dissémination notamment au niveau cérébral. Actuellement, je travaille sur des lignées cellulaires issues de biopsies de patients du CHU de Poitiers, pour étudier certains récepteurs à l’angiogenèse, c’est-à-dire la formation de nouveaux vaisseaux au sein des tumeurs. En ce moment, je passe mes soirées à remplir des demandes de financement pour ma mobilité internationale d’un an, à partir de novembre 2023, dans un laboratoire du Memorial Sloan-Kettering situé à New-York, laboratoire de renommée mondiale. Je travaillerai sur un sous-type spécifique de cancer colorectal appelé MSI soit microsatellite-instable. Le Pr David Tougeron coordonne plusieurs essais cliniques pour essayer de transposer les caractéristiques de ces cancers très sensibles à l’immunothérapie à tous les cancers colorectaux. Il s’agit de faire bénéficier à un plus grand nombre de patients encore cette thérapie innovante. L’objectif de ma mobilité est de travailler sur des données de patients et de lignées cellulaires et de mettre à profit cette expérience pour, à mon retour, continuer à développer la recherche fondamentale en cancérologie à Poitiers.

Quels enseignements dispensez-vous ?

J’enseigne, bien évidemment, la sémiologie digestive et la spécialité de l’hépato-gastro-entérologie aux étudiants en médecine de différents niveaux, ainsi qu’aux sages-femmes. Ma spécificité est d’assurer des enseignements aux internes d’hépato-gastro-entérologie et de cancérologie à Poitiers et aux médecins spécialistes en France via la fédération francophone de cancérologie digestive. Au niveau européen, je participe à l’enseignement de la cancérologie digestive sous forme de masterclass (European Society of Digestive Oncology, ESDO). Souhaitant toujours conjuguer médecine et science, je suis également impliquée dans des enseignements scientifiques de master 1 en biologie des cancers, et de master 2 en innovation thérapeutique.