Relation hôpital-libéraux : des outils de communication qui rapprochent

Relation hôpital-libéraux

Depuis le mois de juillet 2014, le CHU de Poitiers communique par messagerie sécurisée avec les médecins libéraux du Poitou-Charentes quand leurs patients y sont hospitalisés. Notifications d'hospitalisation, de décès à l'hôpital, comptes rendus de passage aux urgences et résultats de biologie sont envoyés par voie électronique aux médecins traitants ayant activé leur messagerie Esanté. Ce service s'est encore amélioré en janvier, puisque la lettre de sortie, le résumé de l'hospitalisation et les données diagnostiques et thérapeutiques de leurs patients sont également transmis via cette messagerie.

En 2011, le CHU avait déjà mis en place un service innovant à destination des médecins libéraux de la région : un serveur téléphonique professionnel nommé CHU recours 86. Il permet de rentrer en contact direct avec un médecin senior d’une spécialité de l’hôpital. Tous ces outils s’intègrent parfaitement dans la politique de l’établissement en faveur des libéraux, médecins et infirmiers.

Eric Sury, président de la Conférence de territoire de la Vienne, médecin généraliste et maitre de stage des universités, a été un des premiers utilisateurs de la messagerie Esanté : « Avant, les délais pour recevoir ces notifications comme le courrier de sortie de l’hôpital ou le traitement médical de sortie étaient longs. Souvent, c’était les patients eux-mêmes qui nous en informaient. C’est donc un gros progrès et je pense que si les médecins en étaient mieux informés, ils l’utiliseraient tout de suite. Idem pour le serveur téléphonique qui fonctionne bien. » Eric Sury a d’autres idées pour améliorer les relations entres les libéraux et le CHU : « Il faudrait créer une entrée rapide, directe, sans passer par les urgences, pour les hospitalisations. Je sais que c’est difficile techniquement car il y a souvent un manque de médecin dans les services, mais ça ferait gagner du temps aux patients. De même, pour les délais des prises de rendez-vous dans les spécialités qui sont souvent très longs. » Il insiste sur le fait qu’il ne faut pas que l’hôpital mette en difficulté les libéraux : « Parfois, les patients sortent du CHU sans bon de transport ou sans arrêt de travail et sont obligés de venir nous voir pour ça. Il y a aussi le problème des prescriptions hors AMM (autorisation de mise sur le marché) qui nous mettent souvent en porte-à-faux et nous oblige parfois à rembourser la Sécurité sociale. » En outre, il apprécie les réunions de travail entre les libéraux et le CHU, qui permettent à chacun d’avancer et de mettre à plat les problèmes.

« C’est en discutant et en se rencontrant qu’on progresse »
Claude Berrard, président de la Conférence régionale de la santé et de l’autonomie et médecin généraliste, partage l’avis de son confrère : « Les outils mis en place par le CHU répondent bien aux attentes des généralistes, car notre principal problème, c’est le temps, et ces outils nous en font gagner. Cela faisait d’ailleurs des années que nous les réclamions, c’est donc un énorme progrès. » Le Dr Berrard, qui visite ses patients hospitalisés le jeudi, peut compter sur les informations transmises par le CHU pour ne plus commettre d’impairs. « Parfois, j’avais de mauvaises surprises à l’hôpital. Je n’étais pas au courant de certains décès ou de certaines sorties. » Il utilise aussi le serveur téléphonique régulièrement : « C’est presque très bien, l’idée est très bonne, mais la réalisation n’est pas encore parfaite dans tous les services. Les spécialistes du CHU ne sont pas toujours attentifs à ce numéro. Il faudrait aussi que les généralistes prennent l’habitude d’appeler ce serveur. » Le médecin suggère un autre outil qui pourrait lui faire gagner du temps : la mise en place d’un système permettant aux secrétaires du CHU de savoir que les patients appellent de la part de leur généraliste pour une urgence. « Actuellement, les patients nous appelle pour nous demander de prendre un rendez-vous pour eux, car les secrétaires refusent de leur en donner un. D’ailleurs, les spécialistes du CHU devraient réserver un ou deux créneaux par jour aux urgences, comme le font déjà beaucoup de généralistes. » Par ailleurs, il apprécie les réunions régulières entre les libéraux et le CHU. « Ces dernières années, la relation entre les généralistes et l’hôpital s’est beaucoup améliorée. C’est en discutant et en se rencontrant qu’on progresse », conclut-il.

Le Pr Jean-Philippe Neau est le chef du pôle neurosciences au CHU de Poitiers. Il est également chef du service neurologie, un des plus sollicités par la plateforme d’appel CHU recours 86. Praticien depuis plus de trente ans au CHU, il connait très bien la majorité des libéraux qui appellent, il les a parfois eus comme étudiant. « La plupart exerce dans la Vienne. Ils nous appellent surtout pour nous demander un avis sur des patients atteints d’épilepsie, de la maladie de Parkinson ou de sclérose en plaques. Face à une crise, ils se demandent parfois quoi faire. Ce serveur est très efficace quand on connait déjà le patient. Quand on ne sait pas répondre, on assume et on demande au médecin d’envoyer son patient aux urgences. Ils nous sollicitent aussi quelque fois pour accélérer des délais pour un rendez-vous en imagerie, pour avoir un scanner en urgence par exemple. » Dans le service de neurologie, huit médecins seniors se relaient pour répondre aux appels des libéraux.

Pour rappel, les médecins libéraux du Poitou-Charentes peuvent activer leur messagerie Esanté en se rendant sur le site www.esante-poitou-charentes.fr. Il suffit ensuite de s’authentifier grâce au code à 4 chiffres de la carte de professionnel de santé (CPS). Pour toute question concernant l’accès à la messagerie sécurisée ou le paramétrage de votre logiciel métier, contactez Esanté au 05 49 50 93 11 ou à contact@esante-poitou-charentes.fr.