Sage-femme à Loudun : des missions complémentaires

Linda Autson est sage-femme sur le site hospitalier de Loudun depuis 2012. Elle nous présente ses missions à la fois multiples et si complémentaires.

Quelles sont vos activités au centre hospitalier de Loudun ?

J’assure des missions au centre périnatal de proximité, au centre de planification familial ainsi que des missions qui relèvent du centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic des infections sexuellement transmissibles (CeGIDD). Ce qui est intéressant, c’est que mes différentes missions sont très liées les unes aux autres : forcément lorsque l’on parle de sexualité, on doit également aborder les risques de grossesses ou de maladies sexuellement transmissibles. Je peux ainsi répondre à plusieurs critères sur une même situation.

Décrivez-nous vos missions au centre de périnatalité ?

Je réalise des consultations obstétricales. Je prends en charge le suivi de grossesse physiologique jusqu’au 7ème mois inclus : l’entretien prénatal précoce, la préparation à la naissance, les consultations post-natales, la rééducation périnéale etc. Nous proposons de la relaxation ou des ateliers en piscine aux femmes enceintes ainsi que des massages bébés.

Comme il n’y a pas suffisamment de gynécologues libéraux  sur le secteur de Loudun, j’assure les suivis gynécologiques simples. Lorsqu’il y a des pathologies, j’adresse les patientes soit au Dr Richard Sarfati qui intervient tous les mercredis après-midi à l’hôpital de Loudun soit aux médecins du service de gynécologie de l’hôpital de Châtellerault. 

Qu’en est-il de vos missions au centre de planification familiale

Mes missions au centre de planification familiale concernent l’accès à la contraception pour les mineurs. Je propose des consultations de prévention et de contraception aux adolescents entre 15 et 19 ans. J’interviens également en milieu scolaire pour informer et sensibiliser les jeunes aux questions relatives à la puberté et à la sexualité.

Et vos missions au CeGGID ?

Je fais des consultations qui relèvent de l’activité du CeGGID. Les mineurs, les adolescents et les personnes majeures peuvent venir, en tout discrétion, pour un dépistage anonyme après un rapport sexuel à risque. Nous faisons une prise de sang pour analyse. S’il s’agit d’une femme, nous procédons en plus à un prélèvement vaginal. Les résultats sont communiqués la semaine suivante. Lorsque les situations sont plus complexes, j’en réfère au Dr Antoine Elsendoorn, infectiologue dans le service de médecine interne et polyvalente du GHNV avec lequel nous collaborons. L’épidémie de la covid-19 nous a obligé à arrêter cette activité de mi-mars à mi-mai.  L’activité a forcément chuté en 2020 avec 37 prélèvements actuellement alors qu’en 2019, il y en a eu 70.

Vos activités vous mènent à parler de sexualité avec des jeunes. Est-ce facile ?

Effectivement, dans le cadre de mes missions, je rencontre beaucoup de jeunes. Je les reçois en consultation et je les vois lors de mes interventions en milieux scolaires. Lorsqu’un jeune vient en consultation avec son parent, je les reçois tous deux dans un premier temps, puis je m’entretiens seule avec le mineur pour que celui-ci  puisse s’exprimer plus librement. J’interviens auprès des classes de 4e du collège Joachim du Bellay et en 2nde  au lycée Marc Godrie en collaboration avec l’infirmière scolaire pendant des séances de 2 heures durant lesquelles nous traitons les sujets liés à la sexualité : la transformation du corps, la contraception, les infections sexuellement transmissibles, les risques de grossesses, le consentement etc. J’assure également tous les deux mois à peu près, une permanence au Lycée La Perrière de la Roche-Rigault entre 12h et 14 h pour répondre à tous les questions des jeunes concernant la sexualité et la contraception. Ces rencontres font que les jeunes n’hésitent pas à venir me consulter directement à l’hôpital.

Parler de sexualité aux jeunes ne doit pas se limiter à leur exposer les risques de grossesse ou les maladies sexuellement transmissibles comme cela est encore trop le cas dans les discours des médias. Je vais surtout, pour ma part, leur parler de consentement et de respect de l’autre. La sexualité doit rester de l’ordre du plaisir, de relations humaines. C’est pour cela que je parle, en premier lieu, davantage de cette partie plus positive de la sexualité : la transformation du corps, les hormones, les liens sociaux, etc. Le message passe alors plus facilement et nous décidons ensemble du meilleur moyen de contraception. Je fais en sorte qu’il y est tout de suite un véritable dialogue, qu’une confiance s’instaure. Il est facile pour eux de parler de sexualité avec moi d’autant plus que je suis soumise au secret médical, hormis s’ils se mettent en danger.