SAMU-SMUR, urgences au CHU de Poitiers : comment ça marche ?

En 2018, le SAMU 86 a reçu près de 141 000 appels et les urgences du CHU de Poitiers ont comptabilisé 68 546 passages. SAMU-SMUR et urgences, comment cela marche-t’il vraiment ?

Appeler le 15

Lorsqu’une personne se retrouve face à une situation d’urgence réelle ou ressentie, il lui est parfois très difficile d’évaluer seule le degré d’urgence. Plutôt que de se rendre directement aux urgences, il peut demander une évaluation médicale en composant le 15, numéro de téléphone gratuit du service d’aide médicale urgente (SAMU). Cela permet au SAMU d’apporter la meilleure réponse à chaque situation et notamment le meilleur moyen à mettre en œuvre.

Légende : centre de régulation médicale du SAMU 86

Le 15 correspond au numéro du centre de régulation médicale du SAMU 86[1]. 24h sur 24, des assistants de régulation médicale, réceptionnent les appels et collectent les informations nécessaires pour évaluer le degré d’urgence en lien direct avec le médecin régulateur. Lorsque l’urgence vitale est constatée, l’envoi et la coordination des moyens de secours nécessaires sont déclenchés dans les plus brefs délais. Si la situation ne nécessite pas l’intervention des services d’urgences, il sera conseillé à la personne de se rendre chez son médecin traitant ou toute structure en mesure de l’accueillir. Comme le souligne le professeur Olivier Mimoz, chef des urgences adultes, du SAMU 86 et du SMUR, « le médecin généraliste est celui qui connait le mieux le patient et il peut, de plus, assurer des soins continus, ce qui n’est pas le cas des urgences. » Le docteur Henri Delelis-Fanien, directeur médical du SAMU, conclut pour sa part que « l’urgence vitale reste quand même le cœur de métier des médecins urgentistes ».

Le SAMU 86 fait partie des cent-cinq SAMU de France et il couvre l’ensemble du département de la Vienne.

Pour savoir dans quels cas appeler le 15 

Prise en charge par le SAMU et le SMUR

Lorsque le degré de l’urgence nécessite une intervention, les secours les mieux adaptés à chaque cas sont envoyés sur place. Il peut s’agir d’ambulances du SAMU pour les urgences vitales (SMUR) mais également d’ambulances privées de transport sanitaire d’urgence ou les véhicules de secours et d’assistance aux victimes des pompiers[2]. « Nous avons un maillage territorial qui nécessite une évaluation précise des situations pour optimiser les missions des différents services et une pertinence des engagements de secours. D’où l’intérêt de la régulation médicale qui nous permet de concentrer les moyens sur ce qui est vraiment urgent» explique le docteur Delelis-Fanien.

Légende : les véhicules médicalisés du SMUR de Poitiers

 

Les équipes du service mobile d’urgence et de réanimation (SMUR) sont envoyées vers les situations les plus critiques, celles qui nécessitent des traitements rapides et l’expertise médicale telles que les filières de traumatologie grave ou cardiologique. Chaque équipe médicale, que le docteur Delelis-Fanien qualifie de « bras armé de l’hôpital », est composée d’un ambulancier, d’un infirmier et d’un médecin urgentiste. Elles disposent d’ambulances de réanimation et de véhicules légers médicalisés équipés du matériel médical nécessaire pour pallier à toutes les situations d’urgences vitales. Basé au CHU de Poitiers, le SMUR compte six équipes sur le département de la Vienne : trois équipes au CHU et trois équipes implantées sur les sites de Châtellerault, de Loudun et de Montmorillon. Elles interviennent 24h sur 24.

Légende : L’hélicoptère du SAMU 86

Le SAMU 86 dispose également depuis 2002 d’un hélismur qui intervient principalement sur la région Poitou-Charentes, et au-delà lorsque les situations le nécessitent.

Prise en charge aux urgences

Lorsqu’une personne arrive aux urgences, après un appel au 15 ou par elle-même, elle est accueillie par une infirmière et un médecin, agent médico-administratif. Cet accueil permet d’évaluer les besoins en soins de chaque arrivant et de prioriser en fonction du niveau de gravité. Des échelles internationales, utilisées dans tous les services d’urgences français servent à estimer chaque patient à partir des mêmes critères. Ainsi, comme l’explique le docteur Matthieu Marchetti, responsable médical des urgences adultes, « le temps d’attente des patients dans les urgences dépend du degré de gravité. Les pathologies vitales tels que les arrêts cardio-vasculaire, les accidents graves, par exemple, passeront, bien évidemment en priorité ».

Légende : Les urgences pédiatriques du CHU de Poitiers

Les urgences adultes et pédiatriques se divisent en trois filières : la filière urgence absolue, la filière médico-chirurgicale et la filière courte.

La filière urgence absolue

La filière urgence absolue prend en charge les urgences vitales pour les patients avec des pathologies graves. Appelée également service d’accueil des urgences vitales (SAUV), elle traite près de 10% du flux global. Elle dispose de quatre salles de décochage, proche des plateaux techniques – scanner, bloc opératoire - au sein desquelles sont réalisés les premiers soins les plus urgents : examens biologiques et morphologiques, intubation, manœuvres de réanimation, etc. Une telle organisation garantie une prise en charge rapide et de qualité des patients.

La filière médico-chirurgicale

La filière médico-chirurgicale prend en charge les patients avec des pathologies nécessitant des soins d’urgences relevant de la médecine ou de la traumatologie : examen médical, soins, traitements complémentaires, etc. Cela concerne près de 30% des passages aux urgences. Cette filière « examens et soins » compte quatorze salles d’examen, une salle de suture, une salle de soins spécifiques et une salle de plâtres. Le passage d’un patient dans ce secteur mène presque toujours à une hospitalisation.

La filière courte

Parce que près de 60% des passages aux urgences ne nécessitent qu’une consultation simple et parfois des examens complémentaires, une filière courte a été mise en place. « Cette filière » souligne le docteur Marchetti « s’est développée ces dernières années pour faire face à une réalité qui est l’arrivée de patients aux urgences qui auraient pu être pris en charge par les médecins généralistes. Mais peinant à trouver des médecins disponibles, ils viennent dans nos services. La filière courte permet de désengorger les urgences.»

En ce qui concerne les urgences gynécologiques, obstétricales et cardiologiques, elles sont adressées directement dans les services de spécialité ou réorientées vers ces services par le service des urgences.

Les urgences dans la Vienne

Il y a des services d’urgences dans les quatre établissements hospitaliers de la Vienne. Après avoir appelé le 15, le patient sera envoyé en fonction de sa pathologie soit vers l’hôpital de proximité soit directement vers le CHU de Poitiers. « Notre organisation des urgences est originale puisque la Vienne est le seul département qui est allé aussi loin dans l’organisation, la mise en commun des moyens médicaux et de travail. Elle permet d’avoir la même qualité de prise en charge de l’urgence quel que soit l’endroit où l’on se trouve », souligne le professeur Mimoz.

Le groupement hospitalier de territoire de la Vienne

Le Groupement hospitalier de territoire de la Vienne a été créé en 2016 pour offrir à tous un accès égal aux soins. Il fait partie des douze GHT de la Nouvelle-Aquitaine et il associe le groupe hospitalier Nord-Vienne (Châtellerault et Loudun), les quatre établissements publics d’hébergements pour personnes âgées dépendantes (Les Capucines, Théodore Arnault, Les Châtaigniers et La Brunetterie), un établissement de soins de suite et de réadaptation (La Colline ensoleillée) et le CHU de Poitiers. Ainsi, quel que soit leur lieu de résidence sur le territoire, tous les patients auront un accès aux soins identiques.

Cette coopération entre hôpitaux publics et établissements médico-sociaux permet d’offrir une offre de soins publics cohérente grâce à un maillage territorial plus efficace et à une prise en charge complète des patients au sein du territoire de santé de la Vienne.

Et si vous passiez au dossier médical partagé ?

Lorsqu’il arrive aux urgences, le patient n’est pas toujours en capacité de fournir les informations médicales ou non nécessaires à sa prise en charge. C’est pourquoi, les responsables du SAMU et des urgences du CHU de Poitiers incitent les gens à ouvrir leur dossier médical partagé. « Nous disposons au CHU de Poitiers pour chaque patient d’un dossier numérique contenant des informations médicales relatives à leurs passages dans les services de notre établissements. Le dossier médical partagé (DMP) qui va faire partie de nos principaux outils, sera un excellent outil complémentaire. Il va nous permettre d’accéder à des informations en quelques instants, instants précieux dans certains cas. Plus vite nous obtenons ces informations, meilleure sera la prise en charge. » dit le professeur Mimoz.

Qu’est-ce que le dossier médical partagé?

Le dossier médical partagé s’inscrit dans le cadre du plan du gouvernement « Ma Santé 2022 », en totale cohérence avec l’ambition d’un virage numérique du système de santé qui positionne le patient au cœur de l’organisation du système de soins. « Carnet de santé numérique », le dossier médical partagé a pour objectif de collecter toutes informations médicales d’une personne pour permettre aux patients et aux professionnels de santé de disposer de la bonne information, au bon moment, pour mieux soigner. Il s’agit d’un outil pratique, confidentiel, au service de la coordination des soins, qui simplifie la transmission des informations médicales, paramédicales et administratives entre les soignants, en ville comme à l’hôpital. La création du dossier médical partagé est simple. Il suffit de se rendre sur le site dmp.fr (lien vers le site) et en quelques clics, c’est fait ! L’ouverture du dossier médical partagé peut être fait par un professionnel de la santé ou à un pharmacien.

 

Citoyen sauveur avec Sauv-Life, pourquoi pas vous ?

L’application Sauv-life est déployée au SAMU 86 depuis cette année. Mise au point par un médecin urgentiste du SAMU75, le docteur Lionel Lamhaut, son objectif est de porter secours le plus rapidement possible à une personne en situation d’arrêt cardiaque en attendant l’arrivée des secours. Parce que chaque minute gagnée est autant de chance de survie.

 

Le principe de Sauv-life est simple. Lorsqu’un appel pour arrêt cardiaque arrive au centre de régulation médical du SAMU 86, l’assistant régulateur déclenche en même temps l’application Sauv-Life et le départ d’une équipe médicale de secours. Toutes les personnes inscrites sur l’application et se trouvant au maximum de dix minutes du lieu d’alerte, reçoivent un SMS et une alerte via Sauv-Life, leur demandant de se rendre sur place. Le citoyen sauveur, via son téléphone, sera guidé par le médecin du SAMU dans l’accomplissement des bons gestes. Il n’est donc pas nécessaire de maitriser les gestes de premier secours. 286 000 personnes sont déjà inscrite, alors pourquoi pas vous ?

Plus d’informations sur Sauv-life

 

Les urgences en quelques chiffres - 2018

49 703 passages aux urgences adultes

18 843 passages aux urgences pédiatriques

9 509 passages aux urgences de Montmorillon

120 à 130 patients par jours

140 152 appels reçus par le SAMU

139 963 affaires traitées par le SAMU

5 046 interventions du SMUR

     216 interventions du SMUR Montmorillon

     751 interventions en hélicoptère      

 

[1] Le CHU de Poitiers a ouvert en 2019 un centre institutionnel de formation d’assistants de régulation médicale (CIFARM) sur le site de la Milétrie. Pour en savoir plus (lien vers le site du CIFARM)

[2] Pour couvrir l’ensemble du département, le SAMU a établi des partenariats avec d’autres acteurs des secours médicaux.