Pour la première fois cette année, le CHU de Poitiers a été mis en lumière lors du festival « Les Heures Vagabondes ». L’équipe de coordination des prélèvements d’organes et de tissus était présente sur 10 des 11 concerts proposés du 8 juillet au 13 août 2022 dans le département de la Vienne. Retour sur leur expérience.
Un vrai choix de rencontre
Dès le début, l’équipe de coordination des prélèvements d’organes et de tissus s’était fixé comme objectif d’aller à la rencontre d’un public diversifié de famille et d’amis qu’ils ont peu l’occasion de toucher dans le cadre de leurs missions habituelles. Ainsi, la volonté était bien de déambuler sur chacun des concerts et de ne pas avoir de stand fixe. Le choix a été fait d’être présent en binôme de 19h à 21h, soit en amont du concert, afin d’aborder le plus grand nombre de personnes et de profiter de l’opportunité donner par le Conseil départemental d’accéder à ce grand événement festif réunissant des milliers de personnes sur l’ensemble du département de la Vienne, sans empêcher le public de profiter du concert. « Notre objectif principal était de générer la discussion autour du don d’organes et plus précisément sur l’importance de se positionner de son vivant » indique Ronan Allard-Duchêne, infirmer coordinateur. « Notre plus grande difficulté aujourd’hui, c’est lorsqu’on rencontre les familles des donneurs qui décèdent à l’hôpital et que ces derniers ne se sont pas positionnés de leurs vivants, ces familles ne savent pas quoi dire pour leur proches ». Au niveau national, le taux d’opposition au prélèvement d’organes est autour de 33 %. Tout au long des dix concerts, l’équipe a pu remarquer une adhésion plus forte que cette statistique, d’où l’importance de se positionner de son vivant afin que nos proches soient bien au courant de nos projet et ne s’y oppose pas par méconnaissance.
Une organisation difficile
L’équipe de coordination des prélèvements d’organes et de tissus est composée de quatre infirmiers et deux médecins. C’est peu pour organiser la présence de deux personnes à chaque de concerts, en plus des horaires de travail habituel et des astreintes qui leur incombent puisqu’une personne doit être joignable 24h/24. Comme c’était leur première participation, l’équipe ne s’avait pas à quoi s’attendre, tant en termes de fréquentation que d’organisation pour toucher le public le plus large. Ils ont donc ouvert le bal le 8 juillet en amont du concert de Bénabar, à Lencloître, ou plus de 5 000 personnes étaient présentes. « Pour ce premier concert, nous nous sommes positionnés en amont de l’entrée du site. C’était une expérience difficile car le public était pressé de rentrer et n’était pas du tout attentif à notre discours » précise Aline Groleau, infirmière coordinatrice. Fort de cette expérience frustrante, l’équipe a repensé son positionnement et, dès le deuxième concert, s’est engagée sur le site en allant à la rencontre des groupes attendant le début du concert. « Comme nous n’étions que deux intervenants par concert, nous faisions le choix de n’aborder que des groupes de personnes, familles ou amis, plutôt que des personnes seules afin de sensibiliser le plus grand nombre possible ». Affublée d’un tee-shirt orange et armée de tote-bag reprenant le slogan qui leur tient à cœur « Don d’organes, j’ai choisi, je le dis ! » L’équipe était très identifiable ce qui était un véritable point positif dans leur organisation.
Un bilan positif
L’équipe est très satisfaite de cette première participation même s’ils admettent volontiers que le taux de réussite n’est pas de 100 %, mais leur démarche a été bien perçue par le public. Ils ont remarqué que leur façon de sensibiliser au don d’organes n’était pas toujours la même en fonction des personnes rencontrées, car certains groupes étaient plutôt très spectateurs de leur discours, sans échange, alors que d’autres étaient plutôt très réceptifs et interpellés. Des discussions ont alors pu être engagées. « C’est une action extrêmement chronophage et nous ne pouvons toucher l’ensemble du public. Certaines personnes touchées lors d’un concert venaient à notre rencontre lors du concert suivant et nous précisaient qu’elles en avaient parlé autour d’eux entre-temps. L’objectif est donc atteint ! » témoigne Aline Groleau. « Cela nous a permis de réajuster les connaissances des gens et leur imaginaire collectif. Nous avons pu donner une meilleure image du don » rebondit Karine Deparis, infirmière coordinatrice.
Cette expérience, riche en rencontres et au cœur de la mission même d’information de l’équipe de coordination des prélèvements d’organes et de tissus, a également été un beau moment de cohésion interne, un moment convivial en dehors du cadre de leur travail. Toute l’équipe espère pouvoir réitérer l’expérience l’année prochaine, avec quelques ajustements.