Travailleurs handicapés : et si nous changions nos mentalités ?

Handicap CHU Poitiers

Claire Cholet est arrivée il y a un au CHU de Poitiers, le 12 décembre 2022, sur les fonctions de référente handicap. Un an après, elle travaille main dans la main avec Jean Lucrezia, directeur adjoint des ressources humaines, pour changer la perception sur le travailleur handicapé et faciliter son intégration au sein des équipes, dans tous les services du CHU de Poitiers. Point d’étape.

« Un handicap n’est pas toujours handicapant ! »

Aujourd’hui, Claire Cholet fait le constat que, malgré l’année déjà écoulée, il reste beaucoup de choses à faire en matière de handicap au sein du CHU de Poitiers. Tout d’abord, elle souhaiterait engager des campagnes de communication pour sensibiliser les équipes, les professionnels et les professionnels en situation de handicap eux-mêmes à cette notion. Un des préjugés qu’elle rencontre le plus est qu’un travailleur reconnu handicapé sera sujet à plus d’arrêts de travail et sera moins performant, mais c’est faux ! « Tous les travailleurs qui bénéficient de la reconnaissance de la qualité de travailleurs handicapés (RQTH) peuvent bénéficier d’un aménagement de poste nécessaire pour travailler dans des conditions optimum (sur prescription médicale) », souligne Claire Cholet, ajoutant : « ces aménagements sont adaptés dans un souci de bien-être et d’efficacité au travail ».

En d’autres termes, explique Jean Lucrezia, « un handicap n’est pas toujours handicapant : si l’agent est correctement accompagné par son employeur, il n’y aura de difficulté pour personne. C’est une priorité pour nous, à la DRHNous voulons que le regard sur le handicap change au CHU. »

« Le handicap nous concerne tous »

Il faut savoir qu’au cours de sa vie, une personne sur deux sera confrontée à une situation de handicap, de manière ponctuelle ou définitive. Nous sommes donc tous concernés ! De plus, 80 % des handicaps sont invisibles. Alors que le fauteuil roulant reste emblématique du handicap, il ne concerne que 2 % des situations, et les déficiences sensorielles (surdité, mal voyance, etc.), seulement 4 %. Il peut alors s’agir de troubles cognitifs, de maladies invalidantes ou de troubles psychiques. Claire Cholet peut aider les personnes en situation de handicap, ou qui ont des doutes, à les identifier, faire les démarches nécessaires auprès de la maison départementale pour les personnes handicapées (MDPH) pour la reconnaissance et, bien sûr, les accompagner pour la mise en place d’aménagements, parfois minimes sur leur lieu de travail et en collaboration perpétuelle avec les deux ergonomes de l’établissement. « Il faut aussi modifier le regard de la personne en situation de handicap sur elle-même, en lui faisant comprendre que le handicap n’est ni une faiblesse, ni une honte ! Il suffit simplement d’être bien accompagné et je suis là pour ça », continue Claire Cholet. « Nous rencontrons trop d’agents qui ne réalisent pas la déclaration de la reconnaissance de la qualité de travailleurs handicapés, mais malheureusement ces agents se mettent en difficulté sur leur poste de travail », ajoute Jean Lucrezia. La procédure peut sembler parfois complexe et longue mais Claire Cholet est justement là pour accompagner l’ensemble des agents dans cette démarche et cela permet ensuite à l’établissement de réaliser des investissements pour les différents aménagements de poste.

Effectivement, ne pas être reconnu travailleur handicapé lorsqu’on l’est, c’est ne pas bénéficier d’aménagement de poste, « c’est ne pas être à l’écoute de ses besoins et s’infliger une charge de travail supplémentaire. Aujourd’hui nous nous trouvons dans un cercle vicieux et nous souhaiterions engager l’entrée dans un cercle vertueux : que les agents ayant des besoins s’identifient auprès de Mme Cholet, qu’ils bénéficient d’un aménagement de poste, et qu’ils améliorent ainsi leur bien-être au travail et leur intégration au sein de leur équipe », indique Jean Lucrezia.

La plupart du temps, la démarche de reconnaissance du handicap n’implique pas de reconversion professionnelle. Toutefois, lorsque l’aménagement de poste n’est pas possible car non compatible avec la situation de santé du professionnel, Claire Cholet peut ensuite l’accompagner vers une reconversion. Celle-ci se fait toujours au libre choix de l’agent, tant qu’il est compatible avec son état de santé, même à l’extérieur du CHU. Pour cela, Claire Cholet peut proposer un accompagnement grâce à certains dispositifs de l’ANFH, l’association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier, qui proposent des stages et des immersions. « Je tiens à ce que les professionnels comprennent qu’ils ne seront jamais abandonnés ! Quel que soit leur choix, mon rôle est de les accompagner au mieux pour leur bien-être dans le monde du travail, que ce soit au CHU ou ailleurs. », souligne Claire Cholet.

« Et le recrutement dans tout ça ? »

Au sein du CHU, le recrutement de travailleur bénéficiant d’une reconnaissance de qualité de travailleurs handicapés n’est pas du tout un frein, bien au contraire. Tout en s’assurant de postuler sur un poste compatible avec leur situation de santé et leurs compétences. Au moindre doute, Claire Cholet et les équipes des ressources humaines du CHU de Poitiers sont là pour accompagner les demandeurs d’emplois à la fois lorsqu’ils postulent mais également dès leur prise de poste en s’assurant de la compatibilité du poste et de l’intégration dans l’équipe.