UAPED : une équipe pluriprofessionnelle au service des enfants victimes de violence

Equipe UAPED

Depuis février 2023, les enfants victimes de violences sont accueillis par une équipe pluriprofessionnelle au sein de l’unité d’accueil pédiatrique enfants en danger (UAPED) du CHU de Poitiers.

UAPED : une équipe pluriprofessionnelle

Dirigée par le Dr Marie Lebeau, l’unité d’accueil pédiatrique enfants en danger (UAPED) a été créée pour assurer une meilleure prise en charge des enfants victimes de violences en un seul et même lieu. Une équipe pluriprofessionnelle œuvre pour que le parcours des victimes soit le moins difficile possible. Elle est composée d’une infirmière coordinatrice, Alison Gérard, de deux psychologues, Léa Métais et Virginie Brossard[1], d’une assistante sociale, Cécile Guignard, et d’une secrétaire, Marie-Laure Ardon. Chacune d’entre elles a souhaité rejoindre l’UAPED. Alison Girard, qui a travaillé pendant près de 8 ans dans le service de pédiatrie du CHU de Poitiers, a été parfois confrontée à des enfants victimes de violences. « Les infirmières étaient souvent en difficultés parce nous manquions d’informations et de moyens pour les prendre en charge comme il le fallait. » Aussi, s’occuper d’enfant victimes de violences lui tenait à cœur. Psychologue, Léa Métais s’est formée plus spécialement au développement de l’enfance. En parallèle, elle a suivi un DIU de psychocriminologie. Avant d’intégrer l’UAPED, elle a travaillé dans l’éducation nationale auprès des mineurs puis dans la protection judiciaire de la jeunesse au ministère de la justice. C’est la perspective d’articuler la dimension psychique et les aspects judiciaires qui l’a mené à postuler en tant que psychologue à l’UAPED. « Au cours de mes précédentes expériences, qui concernaient les mineurs, j’avais l’impression d’arriver trop tard dans la prise en charge des victimes. A l’UAPED, nous intervenons dès le début de la prise en charge pour essayer d’évaluer rapidement les besoins. » Virginie Brossard est, depuis 2003, psychologue spécialisée dans la protection de l’enfance. En 2013, elle a intégré le service d’aide sociale à l’enfance du département de la Vienne. Cela comprend une mise à disposition de son activité à l’unité médico-judiciaire du CHU de Poitiers auprès des mineurs. C’est donc logiquement qu’elle intègre l’équipe de l’UAPED lors de sa création en février dernier. Elle connait la prise en charge des mineurs victimes de violences sur réquisition judiciaire au sein d’un établissement hospitalier.

UAPED : une prise en charge sécurisante pour les victimes

Dans la majorité des cas, l’équipe de l’UAPED reçoit les enfants victimes de violences sur réquisition judiciaire. Le déroulement de la prise en charge est parfaitement organisé. En tant qu’infirmière coordinatrice, Alison Girard a un rôle essentiel au sein de l’unité puisqu’elle sera la personne référente de l’enfant pendant toute la prise en charge. Elle accueille les victimes et les enquêteurs. Elle est présente aux côtés du médecin légiste lors de l’examen médico-légal. Elle réalise les prises de sang et toute l’assistance médiale. « Mon rôle est également de rassurer l’enfant et de le mettre en confiance ». En même temps que l’examen médical, le médecin légiste évalue le retentissement psychologique sur la victime. Pendant l’examen médico-judiciaire, l’assistante sociale rencontre les accompagnants de la victime afin d’évaluer les besoins dans le domaine du social. « Le médecin légiste effectue la première évaluation psychologique. S’il y a un risque de majoration des effets dans les jours qui viennent, nous intervenons aussitôt auprès de l’enfant. Sinon, nous réalisons une évaluation à distance des faits ainsi qu’un suivi centré sur le trauma. Lorsqu’un suivi psychologique extérieur est déjà en place, nous n’intercédons pas », expliquent les deux psychologues. L’équipe de professionnelles porte une attention particulière à ce que l’ensemble des rendez-vous coïncide pour éviter que l’enfant ne revienne plusieurs fois. Elles essayent également d’avoir le maximum d’informations au préalable pour que l’enfant n’ait pas à répéter les évènements. Parfois, l’UAPED intervient sans réquisition judiciaire, sur signalement d’un médecin de l’établissement comme les urgences, par exemple. Cécile Guignard se déplace pour interroger les accompagnants afin de comprendre et d’évaluer la situation. Lorsque c’est nécessaire, un signalement est transmis au procureur de la République ou une information préoccupante est transmise à la cellule de recueil des informations préoccupantes. « En tant qu’établissement hospitalier, nous sommes, en effet, dans l’obligation de protéger ces jeunes victimes », précise Cécile Guignard. Après près de sept mois de fonctionnement, les professionnelles de l’UAPED sont tout à fait conscientes de l’importance d’une telle structure pour les enfants victimes de violences. « L’UAPED permet de recevoir, maintenant, dans un seul lieu et sur un même temps, les enfants victimes de violences. L’unité tend à répondre aux missions qui lui sont données : permettre à un enfant potentiellement en danger de pouvoir bénéficier d’une prise en charge et de soins et permettre d’aider la justice tout en essayant de l’impacter le moins possible en évitant de répéter le trauma.  Le parcours proposé est plus sécurisant, plus enveloppant ».

[1] Virginie Brossard est mise à disposition par le Conseil départemental.