Maladie chronique la plus fréquente dans le monde, l’hypertension artérielle peut se révéler dangereuse lorsqu’elle n’est pas traitée. Au CHU de Poitiers, l’unité de prévention cardiologique, accréditée « Blood Pressure Clinic », prend en charge les hypertensions artérielles (HTA) sévères. Le Dr Benoit Lequeux explique l’importance de ce centre de référence en HTA dont il est le responsable.
Hypertension artérielle : un problème de santé publique
En France, en 2017, près de 12 millions de Français étaient traités pour de l’hypertension artérielle (HTA). Elle correspond à une augmentation anormale de la pression artérielle au niveau sanguin. Si elle n’est pas traitée, elle peut s’avérer un facteur de risque important de maladies cardio-vasculaires (AVC, infarctus), neurodégénératives ou d’insuffisance cardiaque. L’étude ESTEBAN a montré qu’en France, près de 50% des personnes hypertendues s’ignorent en tant que tel. Comme le souligne le Dr Benoit Lequeux, « c’est un réel problème de santé publique puisque finalement nous n’avons que peu de personnes avec une hypertension artérielle identifiée, traitée et équilibrée. C’est une maladie sournoise qui n’entraine pas forcément de symptôme clinique ». Dans 90% des cas, l’hypertension artérielle n’a pas de cause particulière même si certains facteurs peuvent favoriser son apparition : l’âge, l’origine ethnique ou des antécédents familiaux. On parle alors d’hypertension artérielle « essentielle ». Le respect de mesures hygiéno-diététiques, c’est-à-dire une alimentation saine et de l’activité physique, est la première étape pour rééquilibrer la tension. Le sel est l’ennemi numéro un de l’HTA, l’élévation de la pression artérielle étant proportionnelle à la quantité de sel ingérée. Si cela n’est pas suffisant, des traitements médicamenteux sont alors prescrits. Dans d’autres cas, bien moins fréquents, l’hypertension est dite « secondaire », liée à un autre problème de santé : problème rénal, endocrinien, anomalie congénitale de l’aorte, usage de certains médicaments, apnée du sommeil, etc. Il va s’agir de rechercher la cause pour la traiter. « Qu’elle soit essentielle ou secondaire, il faut vraiment garder à l’esprit que l’HTA est la plupart du temps une maladie chronique. Qui dit maladie chronique dit traitement chronique. Il est essentiel que le patient reste observant dans le long terme afin de garder une hypertension artérielle équilibrée et ainsi éviter toute complication », précise le Dr Lequeux. Si l’HTA essentielle est prise en charge par les professionnels libéraux, il faut savoir adresser au centre de référence pour chercher les causes rares d’HTA secondaire.
Un centre de compétence en hypertension artérielle au CHU de Poitiers
Au CHU de Poitiers, l’unité de prévention cardiologique prend en charge les hypertensions artérielles sévères. Il s’agit pour les spécialistes de trouver la cause de la maladie chez des patients qui ne devraient pas être touchés, comme par exemple des patients de moins de 35 ans ou bien des patients ayant de multiples traitements. « Si l’on identifie la cause et qu’on la traite, cela permettra d’atténuer l’hypertension et ainsi de diminuer voire d’arrêter les traitements. C’est essentiel surtout pour les patients jeunes pour lesquels une hypertension artérielle n’est pas normale », explique le Dr Lequeux. Avec un plateau technique, un laboratoire et la présence de professionnels de nombreuses spécialités, l’unité dispose de tous les outils nécessaires à la recherche des causes d’HTA. L’unité est d’ailleurs accréditée « Blood Pressure Clinic » par la société française d’hypertension artérielle. « Cette accréditation confirme que notre prise en charge de l’hypertension artérielle obéit parfaitement aux recommandations des sociétés savantes. Le patient qui vient nous consulter est certain que nos protocoles respectent un cahier des charges très précis et que les spécialistes du CHU sont qualifiés pour le faire », précise le Dr Lequeux. L’arrivée récente du Dr David Fouassier, cardiologue, a permis de restructurer la prise en charge globale au CHU des patients présentant une HTA secondaire avec la mise en place de consultations et d’un hôpital de jour dédiés. La reconnaissance de l’unité en tant que « Blood Pressure Clinic » permet également aux spécialistes de mener des recherches cliniques pour le développement de techniques novatrices pour le traitement de l’HTA.