Un microscope électronique de dernière génération !

Microscope électronique

En 1979, le CHU de Poitiers s’est doté de son premier microscope électronique, puis du deuxième en 1996. C’est donc après plus de 20 ans de bons et loyaux services, arrivé à bout de souffle, que celui-ci a cédé sa place à un appareil de dernière génération, installé début 2022 dans le service d’anatomie pathologique.

La microscopie électronique : un intérêt certain dans la prise en charge du patient

L’unité de pathologie ultrastructurale, rattachée au service d’anatomie pathologique, est surtout spécialisée en pathologie rénale. Elle répond à des demandes locales, nationales, parfois internationales. Avec le renouvellement de cet équipement, et ainsi le maintien d’une plateforme performante, le CHU de Poitiers fait le choix de rester un centre expert en ultrastructure dans de nombreuses maladies rares. « Pour une biopsie rénale, l’examen en microscopie électronique est déterminant pour le diagnostic dans 1 cas sur 10 et une aide importante dans 3 cas sur 10 », précise le professeur Guy Touchard, néphro-pathologiste. La microscopie électronique reste une étape indispensable dans le diagnostic et la compréhension d’un bon nombre de pathologies même à l’heure des techniques d’immunohistochimie et de biologie moléculaire. « La biologie moléculaire ne donne pas les mêmes résultats, ce n’est que de la spéculation, des schémas possibles alors que la microscopie électronique analyse le réel à un instant T », indique le professeur Jean-Michel Goujon, anatomo-pathologiste. De plus, dans certains cas de maladies de dépôts d’immunoglobulines monoclonales, maladies rares et spécialité de cette unité, la microscopie électronique est la seule méthode permettant un diagnostic : « Dans les cas d’amylose, le microscope électronique reste essentiel car les dépôts sont parfois très petits et ne sont pas trouvés par une autre méthode de microscopie ».

Technique et expertise de pointe

Outre l’expertise médicale, la microscopie électronique nécessite l’intervention d’ingénieurs hautement qualifiés qui s’occupent principalement de la préparation de l’échantillon à analyser.   « L’expertise de ces ingénieurs est très importante car la technique ne peut pas être automatisée », insiste le professeur Touchard. L’unité de pathologie ultrastructurale analyse 1 000 échantillons par an en moyenne dont 80 % sont des biopsies rénales. Une biopsie nécessite trois techniques d’analyse différentes : la microscopie optique, l’immunofluorescence et l’électronique. L’échantillon est partagé pour les trois techniques d’analyse. « Pour éviter les artéfacts des tissus qui rendraient l’observation difficile et l’interprétation délicate, la fixation de l’échantillon doit être immédiate, idéalement dans la minute qui suit le prélèvement » indique Sihem Kaaki, ingénieure. Ensuite, l’inclusion dans la résine permet des coupes ultrafines (environ 95nm). Dans les cas difficiles, la technique d’immunogold précise la localisation et la nature des dépôts. « Les dépôts d’immunoglobulines sont typés par des anticorps anti-immunoglobulines conjugués des microparticules d’or de 10 nm », indique le professeur Touchard. La technique de microscopie électronique est complexe et longue : « Il faut au minimum trois jours avant de pouvoir observer l’échantillon » précise Cécile Ory, ingénieure.

Le nouveau microscope électronique présente une ergonomie parfaite car les observations s’effectuent sur grand écran avec une informatique « dernier cri » permettant de constituer les dossiers dans d’excellentes conditions. Le CHU de Poitiers reste ainsi à la pointe du diagnostic dans ces pathologies complexes.

Dans les deux premiers mois de 2022, l’unité de pathologie ultrastructurale a effectué 118 analyses d’échantillons (69 pour l’extérieur) dont 96 biopsies rénales.