Episode 5 – Autour de l’IRM 7 Tesla : Mathieu Naudin, ingénieur de recherche au CHU de Poitiers

Mathieu Naudin est ingénieur de recherche au CHU de Poitiers. Il a réalisé une thèse Cifre [1] financée par l’entreprise Siemens Healthineers dans le cadre d’une collaboration entre les équipes ICONES de XLIM (CNRS 7252 - Université de Limoges) et DACTIM-MIS du LMA (CNRS 7348 - Université de Poitiers), à l’origine du laboratoire commun I3M. Il nous a expliqué son rôle dans l’arrivée de l’IRM 7 Tesla ainsi que les changements que cela va engendrer dans ses recherches.

Avant l’arrivée de l’IRM 7 T, vous travailliez sur l’IRM 3 Tesla. Donnez-nous des précisions :

J’ai pu effectuer ma thèse sur la visualisation et l’aide à la décision pour la neuro-navigation per-opératoire.  Dans le cadre de ces recherches, j’ai travaillé sur l’IRM 3 Tesla du CHU de Poitiers qui est la seule IRM haut champ en France à être connectée directement au bloc opératoire. En effet, sa configuration permet de l’utiliser à la fois en environnement clinique et en environnement de bloc opératoire. Un tel équipement permet de faire avec la même machine des IRM pré et per-opératoires, c’est-à-dire d’acquérir des images avant et pendant l’opération même du patient. L’objectif de mes recherches était de fournir aux médecins de nouvelles informations en alignant les images durant l’opération. Par exemple dans le cas d’opérations de tumeurs cérébrales, les informations obtenues permettent de savoir, après l’opération, s’il reste encore des résidus tumoraux.

Quelles sont actuellement vos fonctions au sein du CHU ?

Je suis ingénieur de recherche rattaché à l’équipe DACTIM-MIS du Pr Guillevin (laboratoire commun I3M). Je travaille sous la direction du Pr Rémy Guillevin ainsi qu’avec Carole Guillevin, ingénieur responsable de l’ingénierie globale de DACTIM. Nous sommes pour l’instant les seuls ingénieurs dédiés à la plateforme IRM recherche au sein du CHU.

Quel est concrètement votre rôle au sein de l’équipe de l’IRM 7 Tesla ?

Mon domaine de recherche est le traitement de signaux et d’images issus de la résonance magnétique, et notamment des données multi-paramétriques issues de l’IRM. Je me suis spécialisé sur les données cérébrales, plus particulièrement le post-traitement des images.

J’interviens à la fois dans les aspects techniques propres aux IRM de la plateforme mais aussi dans le soutien aux projets de recherche. En fait, mon rôle est très transversal dans les applications de l’IRM 7 Tesla. Je suis amené à travailler avec tout le monde : les manipulateurs, les ingénieurs de Siemens, les chercheurs en intelligence artificielle, les chercheurs en mathématiques et les médecins pour leur fournir les données à la fois adéquates et dans le format désiré pour qu’elles soient post-traitées, interprétées et utilisées.

Mon travail se situe au centre de toutes les thématiques développées autour de l’IRM 7 Tesla. Mon rôle est d’établir le lien entre les différents professionnels pour que les projets soient le plus porteurs possibles. Il faut que nous soyons suffisamment adaptables et novateurs pour permettre l’émergence de projets ambitieux.

Je vais tout de même continuer à travailler sur l’IRM 3 Tesla notamment pour comparer les résultats avec ceux de l’IRM 7 Tesla : voir comment le signal est augmenté grâce à cette dernière ou si les images doivent être traitées de la même façon. Nous savons déjà que les images acquises grâce à l’IRM 7 Tesla sont de très haute résolution. Cependant, il nous faudra mener une phase préparatoire afin d’obtenir les meilleures données possibles. Nous analyserons, ensuite, l’impact de ces nouveautés sur les données acquises pour les études cliniques : voit-on mieux, voit-on plus de choses, etc.

Avez-vous vous joué un rôle dans l’acquisition de l’IRM 7 Tesla ?

Comme mes fonctions actuelles concernent l’utilisation de l’IRM 7T, j’ai participé à la réflexion et à l’élaboration du cahier des charges. Nous, ingénieurs et médecins, sommes allés en Allemagne pour voir la machine, la qualité des images. Nous avons participé à toutes les réunions, du design des locaux à l’installation de la machine. Nous avons travaillé tous ensemble aux problématiques et aux contraintes liées à l’IRM 7 Tesla. Nous avons ensuite accompagné la construction du bâtiment dédié et l’installation de la machine avec la direction du biomédical, la direction des constructions et du patrimoine, le cadre supérieur de santé et les cadres de santé.

[1] Mis en place par le Ministère de l’Enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, les dispositifs Cifre – Convention industrielles de formation par la recherche – ont pour objectif de développer la recherche partenariale publique-privée.