Après des études à la faculté de médecine de Lyon Nord, Denis Frasca est arrivé à Poitiers en 2004 pour effectuer son internat en anesthésie-réanimation. Nommé professeur des universités et praticien hospitalier en 2017, il est depuis le 2 mars 2020, chef du service d’anesthésie-réanimation, service qui s’appelle désormais service d'anesthésie, réanimation et médecine péri opératoire conformément à la dénomination de la spécialité par le conseil national des universités.
Vous êtes chef du service de réanimation-anesthésie du centre cardio-vasculaire depuis mars 2020. Qu’est-ce que cela représente pour vous ?
Je suis très attaché à ce service mis en place par les professeurs Bertrand Debaene, Olivier Mimoz et le docteur Jacques Ariès. J’y ai grandi avant d’en devenir le responsable institutionnel. J’y ai été interne, chef de clinique, maître de conférences puis professeur des universités. J’y ai travaillé pendant longtemps en réanimation et notamment la neuro-réanimation. Actuellement, mon activité concerne davantage l’anesthésie aux blocs de chirurgie viscérale et d’urologie. Pour moi, c’est à la fois un grand honneur et une grande responsabilité que j’espère accomplir de la meilleure façon. Le Pr Debaene est toujours présent dans le service où il assume sa part d’activité. Il nous assiste toujours en tant que coordonnateur régional Nouvelle- Aquitaine du diplôme d’études spécialisées d’anesthésie-réanimation.
Et comment se fait la gestion d’un service aussi important ?
Les missions du service sont essentielles et très transversales. Les anesthésistes interviennent dans près de 25 salles d’interventions. Nous assurons également la réanimation chirurgicale, la neuro-réanimation, la réanimation cardio-thoracique et vasculaire, la réanimation en unité de soins continus chirurgicaux. A cela, s’ajoute les consultations. Nous travaillons au quotidien avec un grand nombre de nos collègues des spécialités chirurgicales et médicales interventionnelles, mais également nos collègues pharmaciens ou biologistes. C’est un service important qu’il faut organiser de façon rigoureuse pour pouvoir avancer tous ensemble
Pour la gestion du service, je suis assisté au quotidien sur les différents secteurs par trois chefs de service adjoints : le Pr Claire Dahyot-Fizelier pour les réanimations, le Dr Matthieu Boisson pour la partie anesthésie et le Dr Thomas Kerforne pour la partie médecine péri opératoire. Tous trois peuvent prendre un certain nombre de décisions opérationnelles. La gestion stratégique et la politique générale du service sont discutées lors de nos comités de direction de service qui ont lieu une fois par semaine et auxquels participent également quatre autres collègues praticiens hospitaliers non universitaires.
Vous avez pris vos nouvelles responsabilités en pleine crise covid. Cela a-t-il était difficile ?
Notre service est en effet impacté par la crise covid. Heureusement, l’une des caractéristiques de l’anesthésie-réanimation en tant que spécialité est son agilité et sa réactivité qui nous permettent de nous adapter rapidement notamment en cette période de crise sanitaire. Nous avons pu tout en poursuivant certaines activités essentielles, redéployer des effectifs humains et activer des lits supplémentaires de réanimation pour la gestion des patients covid.
A l’instar de ce qu’il se passe au niveau national, rencontrez-vous des difficultés à recruter des anesthésistes-réanimateurs ?
Nous avons une offre d’anesthésiste-réanimateur trop juste par rapport aux besoins dus à l’accroissement de l’activité mais nous y travaillons, notamment avec l’aide de Mme Hélène Costa et la Direction des Affaires Médicale. Nous avons recruté cette année cinq praticiens et nous préparons une deuxième vague de recrutement pour 2021. Même si cela reste compliqué, nous sommes plutôt chanceux car la formation organisée par le Pr Debaene il y a plus de 20 ans, est source d’une bonne attractivité. Elle attire les plus jeunes, qui une fois formés ne restent pas forcément dans l’établissement pour poursuivre leur carrière mais nous travaillons à les garder à l’hôpital, à créer une dynamique qui les motivent à rester avec nous. Et cela commence à fonctionner.
Quelles sont vos ambitions pour les années à venir ?
Nous essayons d’inscrire le service dans une dynamique à la fois de recrutement, d’amélioration permanente des pratiques et d’innovation. Et nous avons la chance d’avoir plus d’une quarantaine de collègues praticiens hospitaliers, chefs de clinique, assistants, assistants spécialistes qui sont tous très impliqués au quotidien et très motivés. Ils sont d’une aide incomparable.
Nous avons des collaborations étroites et permanentes avec le Groupe hospitalier Nord-Vienne où exercent certains de nos anciens internes. À terme, nous allons développer et renforcer les collaborations avec l’ensemble des sites hospitaliers du CHU implantés sur tout le territoire de la Vienne.
Vous vous êtes également fortement investi dans la recherche au CHU. Pouvez-vous nous en dire quelques mots ?
Je suis vice-président de la direction de la recherche clinique et de l’innovation (DRCI), dont le président est le Pr Pierre-Jean Saulnier. Je suis également coordonnateur scientifique de la plateforme méthodologie, biostatistiques et data management. Cet intérêt pour la recherche clinique date de mes études. En effet, pour mener à bien mes projets de recherche et notamment ma thèse de sciences en pharmacologie, je me suis intéressé à la conception des essais cliniques, en particulier à la biostatistique qui permet d’obtenir des résultats fiables, non biaisés par une mauvaise méthodologie. Pour cela, je me suis formé et j’ai obtenu des diplômes universitaires en biostatistiques. Je poursuis d’ailleurs mon activité de recherche dans ce domaine dans une UMR INSERM. Fort de cette expérience, j’ai essayé d’en faire profiter les chercheurs du CHU de Poitiers. Avec Véronique Ferrand, coordonnateur administratif de la Maison territoriale de la recherche en santé, Stéphanie Ragot, Pu-PH méthodologiste-biostatisticienne au CIC 1402 et le directeur de la recherche à l’époque, Harold Astre, nous avons travaillé à la mise en place de la plateforme en 2016. Depuis, nous accompagnons avec nos collègues biostatisticiens et data-managers, plus de 60 projets de recherches par an.