AVC et COVID-19 : double peine

Les chiffres sont impressionnants. Chaque année, près de 30 000 personnes décèdent à la suite d’un accident vasculaire cérébral (AVC). La pandémie aggrave la situation. Le virus augmente le risque d’AVC chez les personnes infectées. Et sur tout le territoire national, les urgences ont observé une baisse du nombre d’appel pour AVC ce qui laisse à penser que les gens ne viennent pas se faire soigner.

AVC et covid-19 : double peine

Chef du service de neurologie, le professeur Jean-Philippe Neau a constaté une baisse de la prise en charge des AVC aux urgences de Poitiers pendant la crise sanitaire. Cette baisse, qui correspond à environ 30 % d’appel en moins au centre 15, a été observée dans le reste du monde. Pour l’instant, les spécialistes ne savent pas en expliquer les raisons. Si la crainte des patients de venir à l’hôpital a été avancée, le Pr Neau ne peut croire que les personnes faisant un AVC grave prennent le risque de ne pas être traitées. « Une autre explication pourrait être que le confinement a entraîné une diminution de la fréquence des AVC, les personnes étant moins exposés aux facteurs de risques tels que la pollution ou le stress » avance-t-il.

Malheureusement, il a été observé également que les personnes infectées par la covid-19 sont cinq fois plus à risque de faire un AVC. « Le virus entraîne une modification importante de la coagulation augmentant le risque de caillots dans le cerveau. Et lorsqu’il y a une infection covid et un AVC, le risque de mortalité est multiplié par trois. Le pronostic est souvent très mauvais » explique le Pr Neau.

AVC – une prise en charge bien huilée

La prise en charge des AVC est une véritable course contre la montre où chaque minute compte. C’est pourquoi au sein de l’hôpital, tout a été organisé pour qu’elle soit la plus rapide. Lorsque quelqu’un appelle le centre 15 pour une suspicion d’AVC, le service de neurologie est informé de façon à ce que les neurologues soient prêts à prendre en charge le patient à son arrivée aux urgences. « Nous l’examinons. Nous lui faisons un bilan rapide et une radiologie, scanner ou IRM. Ensuite, nous le traitons selon la cause. Cette prise en charge rapide est parfaitement huilée grâce à la bonne collaboration avec les urgences et la radiologie » précise le Pr Neau.

Le service de neurologie du CHU de Poitiers prend en charge tous les patients touchés par un AVC en Poitou-Charentes. Il connait une importante activité avec environ 1 200 nouveaux cas par an, lorsque le total en France est à peu près de 140 000 nouveaux cas. La Vienne étant peu touchée par la première vague, il a pu continuer son activité sans organisation particulière. Les patients positifs à la covid étaient transférés dans le service de réanimation dédié. Pour cette seconde vague, les consignes sont autres : le patient covid reste dans le service qui est le plus approprié ; en l’occurrence pour un AVC, le service de neurologie. « Si la deuxième vague était moins angoissante, nous avons été beaucoup plus impactés avec un cluster qui nous a contraint à fermer une partie du service et à transférer des patients dans d’autres services. Mais actuellement, nous n’avons plus de patients positifs covid » souligne le Pr Neau.

Si elle a entrainé une baisse de l’activité, la crise sanitaire n’empêche aucunement la rapidité de la prise en charge. Et le message du professeur Neau est clair : « si vous êtes face à une personne qui présente l’un des signes d’AVC, vous devez appeler le centre 15 »

En savoir plus sur le service de neurologie du CHU de Poitiers

Qu’est-ce qu’un AVC ?

Le cerveau compte plus de 100 000 milliards de cellules nerveuses, les neurones, qui sont alimentés par des vaisseaux sanguins. L’AVC survient lorsque la circulation dans le sang connait une défaillance. Soit un caillot de sang se forme et bouche un vaisseau provoquant un infarctus cérébral, ce qui correspond à 80% des cas. Soit un vaisseau se rompt entrainant une hémorragie cérébrale, soit 20% des cas. L’âge moyen des victimes est de 75 ans mais on peut en être touché à tout âge.
Les AVC peuvent être plus ou moins graves. Mais même lorsqu’il est minime, l’AVC doit être traité parce qu’il peut être signe annonciateur d’une forme plus grave.
Quatre signes peuvent laisser penser qu’il s’agit d’un AVC :
–          Des maux de tête intenses et subits
–          Une paralysie d’un côté du corps
–          Des difficultés à parler
–          Une vision troublée
 
La prise en charge des AVC est une véritable course contre la montre car plus elle est rapide et moins il y aura de séquelles.  En effet, dans la moitié des cas, les victimes gardent des séquelles, voire même un handicap. Aussi, si vous voyez une personne présentant l’un de ces quatre signes, n’hésitez pas ! Appelez le centre-15 !