Plateau technique de biologie médicale : des améliorations en cours – Episode 1

Des changements importants se préparent au premier étage du bâtiment des urgences et biologie médicale (UBM), plus particulièrement dans le secteur de la réception centralisée des prélèvements (RCP) et de la plateforme analytique. Ces services qui reposent sur une organisation et un fonctionnement déjà très novateurs lors de leur mise en place en 2006 continuent d’évoluer.

Près de 12 000 tubes de prélèvements circulent chaque jour entre les services de soins et le laboratoire du CHU dont les différents secteurs sont réunis pour la plupart au 1er et 2e étages de l’UBM. De nombreux tubes arrivent également de l’ensemble du territoire de  Poitou-Charentes. Ce flux important d’échantillons a mené le laboratoire de biologie médicale à réorganiser, dès 2006, son activité autour d’une réception centralisée des prélèvements placée à proximité d’une plateforme de diagnostic biologique automatisée commune aux différents secteurs du laboratoire. Réduire les temps de rendu des résultats, les interventions humaines, les risques d’erreurs, les coûts, tout en optimisant, fluidifiant et sécurisant la circulation des prélèvements constituaient les principaux objectifs de la nouvelle organisation. Des tâches effectuées jusqu’alors dans différents secteurs du laboratoire de l’hôpital ont été centralisées dans un même et seul lieu. Les prélèvements sont tous réceptionnés et pris en charge à la RCP. La pré-analyse et l’analyse des échantillons ont fait l’objet d’une mutualisation et d’une automatisation. Des analyses, exécutées auparavant par des techniciens dans différents secteurs du laboratoire, sont réalisées sur les mêmes équipements. « Nous avons concentré toutes les étapes de pré-analyse au même endroit. Nous avons automatisé des tâches répétitives. Faire que des spécialistes de différentes disciplines utilisent les mêmes machines était révolutionnaire en 2006 mais il a fallu mettre tout le monde d’accord pour cela » se rappelle Michel Sorel, directeur technique des laboratoires du CHU. Cela a permis de rationaliser les effectifs, de réduire les coûts des réactifs et des consommables, d’améliorer la traçabilité dans une logique de flux continu et d’optimiser le rendu de résultat, tout cela au profit du patient. « Ceci a permis de déployer des effectifs pour réaliser des tâches à plus forte valeur ajoutée en automatisant des tâches répétitives non valorisantes » insiste le Dr Pierre Dupuis, responsable du plateau. 

La plateforme va se renouveler

Depuis plus de 10 ans, le fonctionnement du plateau technique de biologie médicale a fait ses preuves. Aujourd’hui, il traite 60% de l’ensemble des analyses réalisées au sein du laboratoire avec près de 5 millions de résultats rendus par an. Ce service d’une quarantaine de personnes fonctionne 24h/24h. D’ici à juin, un renouvellement de cette plateforme va être opéré. De nouvelles fonctionnalités vont être mises en place comme l’intégration d’un convoyage automatisé des échantillons par tapis roulant de la réception centralisée des prélèvements à la plateforme analytique, l’intégration d’analyseurs d’autres disciplines ou encore un module automatisé de stockage des échantillons pour la conservation post-analyse. Ces améliorations vont à nouveau réduire les interventions humaines, améliorer et consolider la gestion du flux continu des échantillons vers les automates, et améliorer le pilotage robotique des échantillons sur l’ensemble de la chaîne analytique. Cette consolidation de la robotisation permettra également de réaliser une épargne sanguine pour le patient en minorant les quantités d’échantillons exigées aux services de soins. Cette nouvelle solution a été choisie en concertation avec tout un groupe d’acteurs de fonctions différentes, des biologistes, des techniciens, des cadres, des informaticiens. « Nous nous sommes tous mis d’accord sur ce que nous voulions pour le futur » souligne Michel Sorel porteur du projet avec Pierre Dupuis. Pour un budget de 2 450 000 euros, le choix a été porté sur des solutions de la société Roche Diagnostics, fournisseur des équipements déjà en place. La crise sanitaire a retardé le planning prévisionnel mais cependant, quelques appareils ont déjà été déplacés. Les secteurs de la RCP et de la plateforme sont en cours de réorganisation avec une réaffectation transitoire des espaces permettant de laisser libre l’accès de la plateforme actuelle à la direction des constructions et du patrimoine pour la réalisation des travaux nécessaires. Cette période d’installation reste compliquée, implique la participation et l’adaptabilité de tous les acteurs étant donné que l’activité ne peut pas être interrompue alors même que certains équipements vont être déplacés ou remplacés. « Avec ces nouveaux équipements, le CHU de Poitiers sera l’un des premiers établissements hospitaliers les plus automatisés » conclue Michel Sorel. Mais en attendant la finalisation de ce projet, rendez-vous en décembre pour faire un point sur l’avancée des travaux !

Fonctionnement actuel du plateau technique de biologie médicale

Réception centralisée des prélèvements

Tous les échantillons arrivent à la RCP soit par le circuit pneumatique depuis les unités de soins soit par coursier depuis l’extérieur. Une équipe de techniciens s’assure ensuite, de la conformité, de l’enregistrement, de l’orientation vers les différents secteurs techniques de la plateforme ou vers d’autres secteurs. Depuis 2010, la prescription d’analyses biologiques au CHU est informatisée. Ce mode de prescription permet d’utiliser une étiquette code barre unique dès l’identification du tube dans les unités de soins. Lorsque l’échantillon arrive à la RCP, toutes les informations sont donc déjà enregistrées informatiquement ce qui permet un gain de temps important pour l’acheminement vers la plateforme d’analyse. En ce qui concerne les échantillons en provenance de l’extérieur, l’enregistrement informatique est fait par des techniciens dans un espace attenant dédié. Les tubes de prélèvements réceptionnés sont ensuite déposés dans un système de triage robotisé de capacité de traitement pouvant aller jusqu’à 1 400 tubes par heure. Grâce aux informations contenues dans le code-barres, ce système contrôle tout d’abord la conformité entre l’analyse demandée et le type de tube fourni. Ensuite, selon des algorithmes prédéfinis et de façon entièrement robotisée, l’automate trie et classe chaque tube en fonction de son orientation vers les différents secteurs d’analyses.

Plateforme pré-analytique et analytique

Une fois les prélèvements enregistrés, triés et contrôlés, ils sont aiguillés soit, soit vers la plateforme de pré-analyses et d’analyses soit vers d’autres secteurs d’analyses.. Les étapes de pré-analyses, étapes très chronophages, comme centrifugation, le débouchage, le re-bouchage, l’aliquotage, etc. y sont faites automatiquement. Différentes analyses biologiques, biochimiques toxicologiques et virologiques sont réalisées sur deux lignes automatisées comprenant chacune plusieurs modules reliés entre eux. Plus d’une centaine de paramètres peuvent ainsi être analysés. Il y a peu d’intervention humaine entre l’entrée de l’échantillon dans la ligne d’analyse et le rendu du résultat. En cas de résultat nécessitant une vérification ; le technicien peut alors relancer automatiquement des analyses. De nombreux contrôles automatiques sont effectués par le système pour vérifier la qualité des échantillons et des résultats ainsi que la progression des échantillons sur les lignes d’analyses. A proximité, d’autres modules non reliés à ce jour mais qui le seront dans la future organisation permettent de réaliser des analyses d’hématologie cytologique et d’hémostase. En fin d’analyse, les techniciens placent actuellement les échantillons dans une enceinte réfrigérée où ils sont conservés quelques jours, manipulation qui sera automatisée lors de l’installation de la solution définitive.