Questions à Jérémy Colliaux, oncologue radiothérapeute

Dr Jérémy Colliaux, oncologue radiothérapeute

A 31 ans, le docteur Jérémie Colliaux est radiothérapeute au pôle régional de cancérologie du CHU de Poitiers. Spécialiste de la curiethérapie dont il a appris la technique au Québec, il travaillera en binôme avec le docteur Stéphane Guérif, responsable de l’unité de curiethérapie ambulatoire. Dans le traitement de certaines tumeurs cancéreuses sélectionnées, la curiethérapie est plus efficace, évite les effets secondaires et réduit le temps de prise en charge par rapport à la radiothérapie externe.

Docteur Colliaux, vous vous êtes surspécialisé en curiethérapie. Pouvez-vous expliquer en quoi consiste cette pratique ?
La curiethérapie est une technique de traitement du cancer, dérivée de la radiothérapie. Là où cette dernière va traverser de tissus sains pour arriver jusqu’à la tumeur et la traiter, la curiethérapie cible la tumeur au sein de l’organe malade. Pour faire simple, en utilisant la curiethérapie, on implante des vecteurs ou des applicateurs au sein même ou au contact de la tumeur de façon permanente ou temporaire HDR selon localisation cancéreuse. Avec ce traitement, le patient souffre de moins d’effets secondaires. En outre, le fait de contrôler la dose de radioactivité permet de réduire les séances de radiothérapie.

Quelles sont les différences entre la curiethérapie permanente et la curiethérapie temporaire ?
La curiethérapie permanente à l’iode 125, réservé uniquement aux cancers intra prostatiques, consiste à placer des petites sources, d’environ la taille d’un grain de riz. L’irradiation à faible débit de la prostate dure plusieurs mois et le patient conserve à vie ces implants.

La curiethérapie à haut débit de dose délivre une irradiation temporaire en une ou plusieurs fractions à l’aide d’un robot dans un bloc opératoire protégé.  La navigation tridimensionnelle sous imagerie moderne permet un pilotage fin de la source d’iridium au sein de l’organe pour traiter la tumeur et épargner les organes critiques.

Quels types de tumeurs traitez-vous avec la curiethérapie ?
Au CHU de Poitiers, nous utilisons principalement la curiethérapie pour traiter les cancers de la prostate et gynécologiques. C’est également un traitement de recours pour certaines localisations ORL, peau, canal anal et la sphère génitale. La curiethérapie historiquement cantonnées aux tumeurs accessibles traite à présent des organes profonds grâce aux progrès informatiques et imageries. Dans le futur, la curiethérapie ambulatoire ciblera uniquement la tumeur ou le lit opératoire chirurgical (prostate, sein, digestif). Au CHU, le docteur Guérif et moi-même travaillons avec les docteurs Antoine Berger et Florence Coste sur les cancers gynécologiques.